Les créanciers privés de la Grèce ont jusqu'à jeudi 20H00 GMT pour dire si oui ou non ils acceptent de participer au processus de restructuration de la dette grecque, qui a pris depuis mercredi l'allure d'un vaste téléthon mondial pour tenter de guérir la maladie de la Grèce: la dette.
Mercredi soir, plus de la moitié des créanciers visés par l'opération, sorte de semi-faillite contrôlée du pays visant à pacifier la zone euro, avaient donné leur accord pour participer à l'effort collectif d'échange d'obligations qui doit permettre d'effacer plus de 100 milliards d'euros de dette du pays.
La Grèce vise 90% de participation, et a prévenu qu'elle ne lancerait pas l'opération si elle n'obtient pas au moins 75% d'adhésion au programme, dont les détails ont été négociés pendant six mois entre le gouvernement et ses créanciers.
Mercredi, dans une mise-en scène qui visait d'abord à convaincre les récalcitrants de se rallier au programme, l'Institut de la finance international (IIF) qui représente les principales banques de la planète, a publié plusieurs états de participation à l'opération, avec les noms des banques détentrices d'obligations grecques qui acceptaient volontairement de perdre une grosse partie de leur mise.
Les médias ont égrené les listes d'institutions financières étrangères volontaires, faisant ressembler la journée à une sorte de téléthon mondial pour la Grèce.
Seule fausse note publique, Bild, le journal le plus lu d'Allemagne, a annoncé qu'il refusait d'échanger sa dette grecque. Le journal avait acheté pour 4.815 euros d'obligations grecques en décembre pour pouvoir s'offrir ce plaisir après avoir fait campagne pendant des mois contre la Grèce.
Malgré la tendance positive, soulignée mercredi soir par le co-négociateur français de cet échange d'obligations, Jean Lemierre, des surprises sont possibles jusqu'à la dernière minute au cas où de gros détenteurs d'obligations grecques refuseraient de se joindre au programme.
Et là, ça passe ou ça casse. La Grèce et l'IIF n'ont pas hésité à noircir le tableau pour convaincre les banques d'apporter leur écot en brossant des tableaux d'apocalypse au cas où le pays serait contraint à faire un défaut incontrolé le 20 mars, lorsqu'il ne pourra pas rembourser les 14,4 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance.
Selon un rapport de l'IIF, un ratage de cette restructuration, ébranlerait l'économie européenne et mondiale. Opportunément dévoilée lundi, l'étude chiffre à 1.000 milliards le coût d'une banqueroute grecque.