"Un tel accident ne doit plus se reproduire": la Fédération internationale de ski (FIS) a ouvert une enquête après le crash du drone utilisé par le diffuseur télé du slalom de Madonna di Campiglio mardi soir, qui aurait pu grièvement blesser la star autrichienne Marcel Hirscher.
"C'est mon cadeau de Noël", a soufflé Hirscher en réalisant à quel point il avait eu de la chance. Les images sont ahurissantes: l'engin s'est désintégré sur la piste italienne quelques centièmes de seconde derrière le champion autrichien, avant-dernier concurrent à s'élancer.
Si l'usage des drones est courant dans les compétitions de sport d'hiver, c'est la première fois qu'un de ces engins volants était utilisé pour retransmettre en direct une course de la Coupe du monde de ski alpin. Le but: fournir des images et angles inédits à la société Infront, qui possède les droits télévisés de l'épreuve. La FIS a ouvert une enquête pour "comprendre ce qui s'est passé et s'assurer que cela ne se reproduise plus", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Infront a ajouté que "des analyses techniques poussées" seraient menées.
"Révolutionnaire"
Concentré sur la course, l'Autrichien n'a pas compris sur l'instant ce qui s'est passé dans son dos. "J'ai seulement entendu un bruit, j'ai pensé qu'un lisseur (un employé chargé de lisser la piste, ndlr) était tombé", a-t-il dit. "Ce n'est même pas imaginable, c'est incroyable, une honte", a-t-il ensuite tonné devant les journalistes.
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— Marcel Hirscher (@MarcelHirscher) 23 Décembre 2015
Vu l'ampleur de la catastrophe à laquelle ils ont échappé, un communiqué des organisateurs du slalom daté de samedi dernier a de quoi faire sourire, ou grimacer. Dans ce texte, ils se félicitaient de l'utilisation pour la première fois d'un drone pour le direct. "La 3-Tre (le nom de la piste, ndlr) est l'endroit parfait pour que quelque chose de révolutionnaire se produise et surprenne des millions de téléspectateurs dans le monde", écrivaient-ils en garantissant "le plus haut degré de sécurité, même dans une zone en extérieur avec du public". Quelque 15.000 personnes ont assisté à l'épreuve, une classique du slalom.
En 2012, lors de la descente de Wengen (Suisse), un drone utilisé pour des prises de vue s'était également écrasé, mais pas sur la piste, contrairement à mardi. Les drones font désormais partie de l'attirail des chaînes de télévision et le sport s'y prête particulièrement car il est riche en images spectaculaires. L'usage de ces engins se heurte cependant à de nombreuses limites légales, sans harmonisation entre les pays.
L'accident de mardi a été possible car l'utilisation de drones au-dessus de la foule est autorisée en Italie. Mais elle ne l'est pas en Autriche, en Suisse ou en France, autres pays majeurs qui accueillent des épreuves de la Coupe du monde de ski alpin.
Le drone et le drapeau
Le service des sports du groupe France Télévisions a indiqué qu'il ne filmait pas de compétitions en direct avec des drones. Au-delà des questions légales, il faut que l'autonomie de ces engins augmente et que les conditions de sécurité soient réunies pour que leur usage se généralise, explique Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions: "On y pense pour les années à venir. Au cours de courses de ski, de cross ou de marathon, les drones permettent de filmer plus bas qu'un hélicoptère".
Ce n'est pas la première fois qu'un drone perturbe une compétition sportive, mais dans les cas précédents, il s'agissait d'engins manoeuvrés par des anonymes, pas par des télévisions. En octobre 2014, lors du match de football Serbie-Albanie à Belgrade, le survol du stade par un drone qui traînait un drapeau symbolisant la "Grande Albanie" avait provoqué des incidents et l'arrêt de la rencontre.
Et en septembre dernier, un drone avait fait irruption au-dessus du court lors d'un match de l'US Open de Tennis entre l'Italienne Flavia Pennetta et la Roumaine Monica Niculescu. Il s'était écrasé dans les tribunes alors vides, sans faire de blessé.