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«Kaizen» : le documentaire d'Inoxtag en 5 polémiques

Le jeune Youtubeur a livré son point de vue dans un tweet. [©Inoxtag Capture d'écran Youtube]

Il affole les compteurs, et les critiques. Mis en ligne vendredi, le documentaire du youtubeur Inoxtag «Kaizen» retraçant son ascension du Mont Everest comptabilise déjà plus de 20 millions de vues. Mais entre les commentaires élogieux saluant son exploit se glissent de nombreuses critiques. Voici lesquelles.

Un Everest pour les finances

Premier sujet clivant autour du documentaire d'Inoxtag : la marchandisation du Mont Everest. Car si grimper le Toit du monde est un véritable investissement physique, il l'est aussi financièrement. Un rêve qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. Le youtubeur Inoxtag l'a prouvé récemment lors d'une interview donnée après la sortie de son documentaire «Kaizen». Le coût de la montée est estimé à 50.000 euros par personne, selon le jeune homme de 22 ans. Une somme qui pourrait en refroidir plus d'un, et qui relance le débat de l'Everest comme produit touristique. Cette année, c'est une véritable avalanche de grimpeurs qui ont souhaité accéder au plus haut sommet du monde, avec 479 permis octroyés, un record. 

UNE ASCENSION PAS BLANCHE COMME NEIGE

Le surtourisme peut avoir de graves conséquences sur le Mont Everest. Outre les embouteillages humains qui forcent les membres de l'expédition à patienter parfois plusieurs heures au sommet sous des températures très basses, au péril de leur vie, l'écologie est également au coeur des préoccupations. Pour ne pas s'encombrer davantage, les grimpeurs sont en effet nombreux à ne pas redescendre leurs déchets. Une cause sur laquelle Inoxtag ne s'attarde pas longtemps.

Il faut attendre près d'une heure et demie pour que le sujet de la pollution et de la surpopulation soit mentionné. «Pour l'instant le camp de base est propre, mais là-haut ça doit être pire, et on va le montrer», évoque en voix-off le youtubeur dans son documentaire à succès, qui ne risque pas de faire disparître le tourisme de masse, et avec lui une montagne de déchets. 

LES sherpas, GUIDES au péril de leur vie

Inoxtag, de son vrai nom Inès Benazzouz, n'a pas affronté l'altitude et le froid seul face à lui-même. En plus de l'équipe de tournage qui l'a accompagné pour mettre en images son ascension, il a dû s'entourer de sherpas, des guides de haute-montagne qui ouvrent les voies et sécurisent les cordages, permettant d'atteindre le sommet. Une profession qui n'est pas sans risques, car si leur rémunération pour une expédition reste avantageuse par rapport au salaire moyen népalais, certains d'entre eux paient un lourd tribut pour accompagner les grimpeurs. 

Un tiers des morts de l'Everest sont des sherpas, un constat sordide pour permettre à des aventuriers amateurs de plus en plus nombreux d'atteindre leur objectif.

2H26 de «moi je» ?

Vendredi, ce sont 340.000 spectateurs qui se sont rués dans les salles obscures pour y découvrir «Kaizen». Deux heures trente de documentaire pour suivre de près l'ascension d'Inoxtag. Un peu trop près pour certains, qui ont qualifié le film «d'egotrip». Parmi eux, le photographe et alpiniste français Pascal Tournaire qui a déclaré : «Les trois quarts du film, c'est : “Regardez mon nombril”', ça ne va pas plus loin.»

Il n'est pas le seul montagnard à émettre des critiques au sujet du jeune youtubeur. Après avoir appris qu'Inoxtag avait atteint le sommet sous assistance respiratoire, le grimpeur Benjamin Védrines, connu pour avoir atteint sans oxygène le K2, second sommet du monde, a expliqué : «Gravir l'Everest avec de l'oxygène, c'est comme faire le Tour de France avec un vélo électrique». 

Déconnecter pour mieux sponsoriser

Et parmi les nombreuses leçons de morale entendues dans «Kaizen», celle d'une déconnexion digitale. Suivi par une majorité d'abonnés issus de la Gen Z, désignée souvent comme ultra-connectée, le youtubeur avait disparu de ses réseaux en avril dernier après une vidéo d'adieu. Le temps de préparer son ascension et de mettre toutes les chances de son côté pour tenter de parvenir au sommet. «J'avais besoin de prendre du recul, de déconnecter», affirme Inoxtag dans les dernières minutes de son documentaire. Une déconnexion temporaire seulement, et jugée hypocrite par certains puisque le salaire du Youtubeur provient en grande partie du nombre de vues engendré par ses vidéos. Second couac qui vient confirmer ce point de vue : le sponsor de la vidéo, qui n'est autre que l'opérateur téléphonique Orange.

Le créateur de contenu a répondu à demi-mot aux critiques dans un tweet publié récemment, «Arrêtons d'écouter les pessimistes». Des réserves qui ne semblent pas stopper Inoxtag dans son ascension vers le succès. 

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