La série documentaire «The Last Town – une ville contre la Silicon Valley» plonge les téléspectateurs dans le combat mené par les habitants de la ville d’East Palo Alto, pour empêcher les géants du numérique de les expulser de leurs terres.
Au croisement des mondes. La Silicon Valley est connue à travers le monde pour héberger les sièges des géants du numérique que sont Google, Facebook, ou encore Amazon. Leur développement sans limite ces dernières années a eu un impact sur la vie des milliards de personnes utilisant leurs services, mais rien de comparable avec celles et ceux qui vivent dans la municipalité voisine d’East Palo Alto.
La présence des GAFA a eu pour effet de pousser à la gentrification galopante de la ville, et à la multiplication des projets de construction, aussi bien de bureaux que de logements pour les employés de ces entreprises, poussés à venir s’installer sur place. Cela a également entraîné une augmentation vertigineuse du prix des loyers, avec des vagues d’expulsions pour ceux qui n’ont plus les moyens de vivre dans leur logement. Pour la majorité des locaux, le sentiment d’être «sous occupation» domine. Mais il est hors de question pour eux de rester là, sans rien faire.
Le monde de demain
Déclinée en trois épisodes de 20 minutes, à découvrir dès le 5 décembre sur arte.tv, la série documentaire «The Last Town – une ville contre la Silicon Valley» de Fabien Benoit suit le combat mené par les habitants de la ville d’East Palo Alto, héritière d’une tradition militante née dans la lutte pour les droits civiques, et qui se battent sans relâche pour préserver leur droit de vivre dans leurs quartiers.
Une opposition entre des familles et les géants du numérique qui pousse à réfléchir sur le monde de demain, selon le réalisateur.
«Lorsqu’on se balade dans la Silicon Valley, une sensation d’aseptisation domine. Les employés de la tech évoluent dans des mondes clos, la vie collective est réduite à peau de chagrin. Les cinémas et les théâtres sont rares, tout comme les lieux de sociabilité. À Mountain View, Google règne en maître, construit partout et privatise des quartiers entiers. À Menlo Park, Facebook exerce son emprise, allant même jusqu’à financer la police», précise Fabien Benoit.
«Leur vision de la société se concrétise à marche forcée, sans faire grand cas de la démocratie, en évinçant les plus modestes. Ce que ces entreprises mettent en place localement reflète le modèle qu’elles imposent à l’échelle globale : privatiser des pans de nos existences, détruire le lien social, exploiter les plus fragiles», poursuit-il.