Le prince Harry a, ce mardi 6 juin, au cours de son témoignage devant le tribunal à Londres où il poursuit des tabloïds, déclaré que la rumeur de longue date selon laquelle James Hewitt serait son vrai père – et non le roi Charles III – lui a causé une grande douleur au fil des ans.
Le prince Harry poursuit actuellement en justice le groupe Mirror Newspaper Limited pour avoir prétendument utilisé des méthodes contraires à l'éthique, telles que le piratage téléphonique, afin d’obtenir des informations à son sujet et ce pendant plusieurs années.
Il a ce mardi fustigé les publications du groupe lors de son témoignage au tribunal à Londres, notamment ceux à propos de la rumeur autour de son soi-disant père biologique.
«À l'époque, quand j'avais 18 ans et que j'avais perdu ma mère [la Princesse Diana, ndlr] six ans plus tôt, des histoires comme celle-ci me semblaient très dommageables et très réelles», a déclaré le Duc de Sussex, selon les propos rapportés par le New York Times, faisant particulièrement référence à un article people intitulé «Complot pour voler l'ADN de Harry», publié le 15 décembre 2002.
«Ils étaient blessants, méchants et cruels», a ajouté le prince. «J'étais toujours en train de remettre en question les motivations derrière les histoires. Les journaux tenaient-ils à semer le doute dans l'esprit du public afin que je puisse être évincé de la famille royale ?»
Le Prince Harry a ensuite accusé l'auteur de l'article, Dean Rousewell, d'avoir utilisé des «techniques illégales de collecte d'informations» et souligné que, pour cette histoire, le journaliste avait carrémment imaginé un plan visant à voler ses cheveux pour tester sa «filiation».
Le mari de Meghan Markle, 38 ans, a affirmé que Dean Rousewell avait documenté cette histoire tout en sachant déjà qu'il n'était pas possible pour James Hewitt d'être son père, en raison de la chronologie de la relation de l'ancien officier de cavalerie avec la princesse Diana.
«Au moment de cet article et d'autres similaires, je ne savais pas vraiment que ma mère n'avait rencontré le major Hewitt qu'après ma naissance», a dit Harry, toujours selon les propos repris par le NYT. «La chronologie est quelque chose que je n'ai apprise que vers 2014, bien que je comprenne maintenant que c'était de notoriété publique parmi les journalistes des (journaux) accusés.»
Le prince Harry a également partagé une interrogation concernant l'article, car il y est inscrit qu'«une source royale haut placée» aurait fourni à Rousewell des détails sur la manière dont ce prétendu complot de paternité devait être exécuté. Harry a cependant précisé qu'il ne croyait «fermement» pas que quiconque de «l'intérieur du palais» soit impliqué, compte tenu des mesures de sécurité mises en place pour protéger tous les membres de la famille royale.
Le roi Charles en a fait un sujet de plaisanterie
Plus tôt cette année, le prince Harry était déjà revenu sur la rumeur autour de son père dans ses mémoires, «Spare», confiant que Charles III, 74 ans, aimait blaguer sur le sujet.
«Papa aimait raconter des histoires, et c'était l'une des meilleures de son répertoire», a écrit le prince dans son livre. «Il finissait toujours par une bouffée de philosophie… Qui sait si je suis vraiment le prince de Galles ? Qui sait si je suis même ton vrai père ?»
Et Harry de poursuivre. «Il riait et riait, même si c'était une blague remarquablement pas drôle, étant donné que la rumeur circulait à ce moment-là selon laquelle mon vrai père était l'un des anciens amants de maman : le major James Hewitt. L'une des causes de cette rumeur était les cheveux roux flamboyants du major Hewitt, mais une autre cause était le sadisme.»
James Hewitt avait lui-même répondu à cette rumeur en 2017, déclarant au cours d’une émission de télévision : «Non, je ne le suis pas (le père de Harry, ndlr).»
Long interrogatoire
Le prince Harry a ce mardi 6 juin été confronté pendant cinq heures à un interrogatoire ciselé, mené par l'avocat de l'éditeur du tabloïd britannique Mirror, qu'il accuse de collecte d'informations illégales devant la justice britannique.
Portant un costume sombre, le fils cadet du roi Charles III a pris place dans le box des témoins dans une salle située à l'intérieur d'un bâtiment moderne de la Haute Cour de Londres. Une fois effectuée la prestation de serment, suivie d'un mot de son avocat qui tient à s'assurer que son client consent à ce qu'on l'appelle prince Harry, ce témoin hors du commun - aucun membre de la famille royale n'avait plus témoigné devant la justice depuis plus d'un siècle - se trouve livré à l'avocat de celui qu'il accuse. Car, comme le veut la procédure à ce stade de ce procès au civil, c'est l'avocat de la partie poursuivie qui mène la danse.
Andrew Green a commencé par présenter de vive voix les «excuses» du groupe de presse MGN, qui édite le Daily Mirror ainsi que ses éditions dominicale et people. «Ca n'aurait jamais dû se produire et ça ne se reproduira jamais», insiste l'avocat. Des excuses limitées aux faits que reconnaît le groupe de presse, qui récuse en revanche les accusations de piratage de messageries téléphoniques.
Une longue joute s'est jouée avec d'un côté, un prince qui se dit traumatisé par les intrusions répétées de la presse ayant marqué sa vie, et de l'autre, un avocat qui connaît son dossier sur le bout des doigts et est déterminé à ce que son client n'endosse que la responsabilité de ses propres écarts mais pas plus.
Du «sang sur les mains»
Dans le détail, Andrew Green a interrogé le prince Harry sur le lien de causalité qui peut être établi entre tel article et ses griefs. Il a cherché à savoir s'il les avait lus, comment il en avait eu connaissance, nombre d'entre eux datant d'une époque où il était enfant ou adolescent.
«Je ne m'en souviens pas», «c'était il y a 20 ans», «peut-être mais je n'en suis pas sûr», a répondu le prince Harry, qui se plaint des intrusions de journaux qu'il décrit comme sans pitié. «J'ai connu l'hostilité de la presse depuis que je suis né», a-t-il déclaré, revenant sur l'état de paranoïa dans lequel l'ont plongé ces intrusions.
Quand les amis deviennent des suspects, «votre cercle commence à se restreindre», a-t-il expliqué. L'avocat demande à Harry de s'expliquer au sujet d'une expression employée dans son témoignage écrit, pour savoir notamment si le «sang sur les mains» qu'ont selon lui les journalistes se rapporte à un article précis.
«Certains des rédacteurs en chef et des journalistes qui sont responsables d'avoir causé autant de souffrances, de bouleversements et dans certains cas, pour parler personnellement, la mort», a répondu Harry, dans une allusion limpide à sa mère Diana, morte en 1997 dans un accident de voiture à Paris, poursuivie par des paparazzis. Le «sang sur les mains» est dirigé «plus largement contre la presse», a-t-il ajouté, précisant qu'il n'avait nommé aucun journaliste dans ce paragraphe.
Interrogé sur un article datant de 2002 du journal à sensations News Of The World, aujourd'hui disparu, affirmant, à tort selon Harry, qu'il avait fumé du cannabis, le prince s'en prend à un membre de la maison royale qui a coopéré dans cet article. Interrogé sur l'intérêt public de cette affaire, Harry a répondu, cinglant : «il y a une différence entre l'intérêt public et ce qui intéresse le public».
Les questions précises de l'avocat, qui mardi ont permis de balayer une vingtaine des 33 articles litigieux, permettent de retracer des épisodes marquants de sa vie. De cette soirée déguisée où il était apparu en costume nazi à sa relation avec son ancienne petite amie, Chelsy Davy, et à leurs vacances au Mozambique.
A maintes reprises, l'avocat a souligné que telle ou telle information était dans le domaine public bien avant d'être dans les colonnes des titres du groupe MGN, et cuisiné Harry sur les éléments dont il dispose pour étayer ses accusations. «Tout le monde éprouve beaucoup de sympathie face aux intrusions dont vous avez souffert pendant votre vie», a lancé l'avocat Andrew Green, «mais ce n'est pas pour autant que cela résulte d'activités illégales». L'interrogatoire du prince Harry se poursuit ce mercredi.