C’est aujourd’hui que commence la grève des scénaristes à Hollywood. Ces derniers réclament une hausse des salaires auprès des producteurs du cinéma et de la télévision, eu égard à l’essor des plates-formes de streaming. Voici tout ce qu'il faut savoir sur la situation.
Hollywood en plein séisme. Ce mardi commence la grève des scénaristes du cinéma et de la télévision – dont le nombre est estimé à environ 11.500 personnes – ainsi que les auteurs des «late show» américains (Jimmy Kimmel Live, Saturday Night Live, etc.). Elle fait suite à l’échec des négociations entre le syndicat des scénaristes, la Writers Guild of America (WGA), et l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), qui regroupe les grands studios de cinéma, les chaînes de télévision, et les plates-formes de streaming (Disney+, HBO Max, Netflix, Apple TV+, Amazon Prime Video, Paramount+,...).
les transformations du métier
Une première depuis 2007 où l’arrêt de travail avait duré 100 jours, avec une perte estimée à plus de 2 milliards de dollars pour l’économie de Los Angeles, selon l’organisme indépendant Milken Institute. Un bras de fer avait également eu lieu en 2017, sans toutefois mener à la grève.
Le syndicat des auteurs déplorent désormais que, malgré l’essor des plates-formes de streaming, et les bénéfices engrangés par les studios – estimés à près de 30 milliards de dollars annuels – les salaires des écrivains ainsi que leurs conditions de travail se sont détériorés. Notamment en raison du fait que les séries de 8 à 12 épisodes sont désormais privilégiées à celles qui pouvaient en compter une vingtaine autrefois. C’est la transformation de leur métier, aussi bien dans la pratique que du point de vue de la rémunération de leur travail imposée par le streaming, que les auteurs veulent voir pris en compte. Il y a également des craintes quant au développement de l’intelligence artificielle, et certains souhaiteraient voir la mise en place de garde-fous.
Les studios seraient en difficulté
Pour les studios, le moment d’imposer de tels changements n’est pas le bienvenu, arguant que le marché publicitaire est sous tension, que la répartition de l’audience est encore trop volatile, et que les marchés financiers commencent à se montrer hostiles quand certaines plates-formes, comme Netflix récemment, annoncent une perte du nombre de leurs abonnés. Disney est actuellement au milieu d’un vaste plan social qui pourrait voir 7.000 personnes perdre leur emploi, tandis que Warner Bros. Discovery tente de maîtriser sa dette en coupant, elle aussi, dans ses effectifs.
Les effets de la grève
Si les émissions comme les «late show» vont être immédiatement impactées par la grève, qui a été votée par une écrasante majorité des scénaristes, ce ne sera pas le cas pour de nombreuses productions. Du moins, pas tout de suite. Les feuilletons devraient manquer de nouveaux épisodes dans un mois ou deux. Il faudra probablement attendre la fin de l’année avant que cela ne se fasse sentir du côté des séries télévisées, et quasiment une année avant que cela ne touche véritablement les agendas des sorties de films au cinéma.
En parallèle des multiples productions à l'arrêt, c’est également tout le microcosme de métiers qui gravite autour de celles-ci – chauffeurs, restauration, hôtellerie, ouvriers, etc. – qui va souffrir du manque d’activité. Pour rappel, la plus longue grève des scénaristes remonte à 1988, avec une durée de 153 jours.