Avec «Prey», Disney+ s’est lancé le pari de relancer la franchise «Predator» dont les précédentes suites n’ont jamais été à la hauteur de l’ambition du film original datant de 1987, avec Arnold Schwarzenegger. Et il semblerait que la plate-forme de streaming soient en passe de réussir.
Un monstre devenu une icône. Quand, en 1987, John McTiernan met en image «Predator» avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal, il ne se doutait probablement pas que ce film continuerait de faire l’objet d’un culte 35 ans plus tard. Malheureusement, les trois suites qui ont vu le jour depuis – en 1990, 2010, et 2018 – n’ont jamais trouver grâce aux yeux des fans de la première heure. Et ce pour diverses raisons.
Avec «Prey», Disney+ a confié au réalisateur Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) la périlleuse mission d’imaginer un nouveau volet consacré à ces chasseurs intergalactiques. Au risque de se mettre à dos, encore une fois, la horde des mordus de l’original (dont l’auteur de ces lignes fait partie). Le récit se déroule en 1719, à l’époque où les grandes plaines américaines étaient encore arpentées par les tribus de Comanches. C’est dans une d’entre elles que vit Naru, une jeune femme qui, à l’instar de son petit frère, rêve d’être reconnu comme une guerrière par son peuple. C’est elle qui va croiser le chemin d’un Predator envoyé sur Terre pour se mesurer à ses plus grands prédateurs.
Un récit équilibré et un ultime face-à-face haletant
Bien évidemment, une partie de l’audience se jettera sur les quelques défauts du film (hâte de voir quels points seront mis en avant d’ailleurs) – que certains ne manqueront pas de trouver et de sur-analyser – mais il semble tout aussi important d’observer ce qui fonctionne dans ce film de Dan Trachtenberg. Le réalisateur a le mérite de se détacher de ce qui a été fait auparavant, tout en restant fidèle à l’enjeu et à la tension qui transpiraient dans l’original (on retrouve notamment avec délectation la réplique de Shwarzy : ‘S’il saigne, on peut le tuer’).
On ne se trouve toutefois pas devant un film qui cherche à tout prix à rendre «hommage» au premier volet, et qui se contenterait d’assurer un «fan service» le plus basique qui soit. La décision a été prise de se concentrer sur le côté «chasseur» de ce monstre extra-terrestre (qui a eu le droit à un léger relooking très réussi), et sa volonté de se mesurer aux espèces animales les plus redoutables sur Terre. Le personnage de Naru, quant à lui, se trouve être une héroïne absolument captivante.
La comédienne Amber Midthunder, qui incarne le rôle principal, révèle un charisme qui aimante instantanément les téléspectateurs. Et très vite, on se prend d’affection pour ce personnage en quête de reconnaissance auprès des siens, et qui se retrouve malgré lui à combattre un monstre venu de l’espace pour son rite de passage. Sans spoiler la fin, son ultime face-à-face avec le Predator est de loin le meilleur moment du film, et n’aurait presque rien à envier à celui du personnage incarné par Arnold Schwarzenegger dans le film de 1987.
Dans «Prey», Dan Trachtenberg fait le pari de la simplicité, tout en respectant la mythologie de Predator comme peut-être aucune suite n’avait réussi à le faire auparavant. Et le mieux – et c’est ce que le générique de fin laisse penser – c’est qu’il se montre très enthousiaste à l’idée de poursuivre ce nouvel élan à la franchise.
«J'ai plein d'idées pour ce qu'on pourrait faire d'autre avec la franchise. Celles qui m'intéressent le plus sont les plus audacieuses et je pense qu'on a la possibilité de faire des choses jamais vues avant pour la suite», avait-il confié au site américain Time Out. Franchement, après «Prey», on aimerait bien avoir la chance de voir jusqu’où il pourrait conduire cette franchise restée trop longtemps dans l’ombre de l’original, et qui semble enfin prête à voler de ses propres ailes vers des contrées inconnues, mais qui titillent déjà notre imagination.