Le cinéaste français Jean-Xavier de Lestrade – connu pour sa série documentaire «Soupçons : The Staircase» – s’est ému publiquement de la manière dont la série de la chaîne HBO présente son travail de documentariste.
Un affront qu’il ne peut pas laisser passer. Récompensé par le prix Peabody en 2004 pour sa série documentaire Soupçons : The Staircase, consacrée à l’affaire et au procès du romancier Michael Peterson, accusé du meurtre de son épouse, Kathleen, au début des années 2000, et du déchirement que cela engendrera pour la famille devant les tribunaux, Jean-Xavier de Lestrade a affirmé s’être senti trahi par la manière dont la série de la chaîne américaine HBO présente son travail.
Déclinée en 8 épisodes, pilotée par Antonio Campos (Afterschool) et Maggie Cohn (Narcos : Mexico), la série The Staircase présente, en plus de l’histoire personnelle de Michael et Kathleen Peterson, le travail de Jean-Xavier de Lestrade et de ses équipes durant le procès au cours duquel il disposait d’un accès sans précédent. La série se concentre également sur la relation amoureuse qui s’est développée entre Michael Peterson et la monteuse de la série documentaire, Sophie Brunet, à cette époque.
Une chose inacceptable
Pour Jean-Xavier de Lestrade, la manière dont la série insinue le fait que l’équipe du documentaire aurait sciemment cherché à influencer le verdict du procès en faveur de Michael Peterson est factuellement faux, et tout à fait inacceptable.
«Nous avons donné à Antonio Campos tout l’accès qu’il voulait, et j’ai vraiment fait confiance à l’homme. C’est pourquoi aujourd’hui je suis très mal à l’aise, parce que j’ai l’impression d’avoir été trahi en quelque sorte», a déclaré le cinéaste à Vanity Fair. «Je comprends la volonté de dramatiser. Mais quand on s’attaque à la crédibilité de mon travail, cela devient inacceptable. La série explique que nous avons coupé des scènes afin d’aider le procès en appel de M. Peterson, ce qui est faux», poursuit-il.
Interrogée elle aussi, Sophie Brunet a précisé que sa relation avec Michael Peterson n’a commencé qu’après son travail sur la série documentaire. Quand elle s’est retrouvée à travailler sur les trois derniers épisodes, elle n’était plus en couple avec le romancier. «Ma relation avec Michael n’a jamais influencé mon montage», affirme-t-elle.
Une demande de correction
Si Antonio Campos et Maggie Cohn expliquent avoir simplement cherché à explorer «la nature de la construction d’un récit et la nature de la vérité», notamment à travers cette romance entre Sophie Brunet et Michael Peterson, Jean-Xavier de Lestrade et le producteur Matthieu Belghiti demandent à Antonio Campos et à HBO de préciser pour chaque épisode que l’histoire est «inspirée» par des faits réels et qu’elle en présente une version dramatisée. Ils exigent également que des éléments offensants contenus dans l’épisode 5 soient retirés avant sa diffusion.
«J’ai vu l’épisode 5. Campos franchit la ligne. Encore une fois, je me sens inconfortable de faire cela. Mais je dois protéger mon travail. Une série diffusée sur HBO va avoir une large audience. Si les gens pensent que ce qu’ils regardent est vrai, c’est vraiment compromettant pour nous. Je suis vraiment désolé, parce que je n’ai aucunement l’intention de porter préjudice à la carrière prometteuse d’un réalisateur aussi talentueux qu’Antonio. Parce qu’il a un vrai talent. Mais cette fois, il a commis une erreur», continue le cinéaste français.
Pour le moment, ni Antonio Campos, ni la chaîne américaine HBO, n’ont réagi aux propos de Jean-Xavier de Lestrade et de ses équipes.