Après un premier documentaire choc intitulé « Kaboul, au cœur des talibans » tourné en juin 2021, peu de temps avant la prise de Kaboul le 15 août dernier, la photoreporter Véronique de Viguerie et Paul Comiti – grand reporter décédé mi-janvier et l’un des rares occidentaux à avoir filmé l’Afghanistan en plein chaos - avaient pu retourner sur place trois semaines après la prise de contrôle des talibans.
Ce nouveau périple a nourri un documentaire édifiant, «Retour à Kaboul sous émirat taliban», dont les images, effroyables, sont à découvrir ce mardi 1er février, à 22h50, sur Canal+ et myCanal.
Quand les journalistes sont revenus en septembre, dans ce pays désormais gouverné par milices islamiques, les nouvelles autorités tenaient encore à montrer un visage modéré aux Occidentaux. Les séquences ramenées montrent la grossièreté du coup de com’ et comment la violence avait alors déjà cours, en particulier envers les femmes et tous ceux qui oseraient braver la charia.
Alors que les nouveaux maîtres du pays « ont commencé à faire le ménage », Véronique de Viguerie et Paul Comiti ont cherché à recontacter les Afghans rencontrés lors du premier documentaire, comme la jeune Kamar Gul, qui a abattu à la kalachnikov les quatre talibans qui venaient d’assassiner ses parents sous ses yeux, et depuis devenue un des symboles de la résistance à l’islamisme.
Mais aussi Arifa, une jeune lycéenne, désormais cloîtrée chez elle car les talibans ont interdit l’école aux filles de plus de 12 ans. Ils ont aussi tenu à retrouver Allah Gul Moudjahid, seigneur de guerre hostile aux talibans qui avait opportunément changé de camp, mais trop tard, ou bien encore le commandant Zaquer, devenu l'un des chefs de la police de Kaboul. Un des tours de force des deux journalistes est également d’avoir pu suivre des dirigeants talibans jusque dans leurs moments de détente, comme dans cette séquence où ils s’amusent à bord d’auto-tamponneuses.
Le vrai visage du nouveau pouvoir
«Retour à Kaboul sous émirat taliban» dévoile surtout un pays où les femmes sont redevenues des citoyennes de seconde zone. A peine arrivés, les talibans ont remplacé le ministère des femmes par celui de la vertu et se sont employés à rendre silencieux et invisible le féminin, jusqu’à effacer les visages affichés sur les devantures de magasins. «Pour réclamer leurs droits, certaines femmes ont le courage de protester dans la rue, des manifestations aussitôt dispersées par des tirs d’armes automatiques et des coups de fouet».
«Les militantes des droits humains sont traquées sur tout le territoire» et, pour un certain nombre d’entre elles, «assassinées»… Le film montre aussi combien la crise économique tue le peuple et contraint nombre d’Afghans à vendre leurs biens sur les marchés pour survivre. Depuis l’arrivée des talibans, les fonctionnaires ne sont plus payés et des familles entières se retrouvent sans rien. Les retraits dans les banques sont limités et les émeutes réprimées sévèrement.
Entre campagnes d’enrôlement, et exécutions avec exposition publique des morts, le nouveau pouvoir n’a en fait pas attendu longtemps pour montrer son vrai visage…
Après KABOUL, AU COEUR DES TALIBANS, Paul Comiti a pu retourner sur place suite à la prise de contrôle des talibans et retrouver les traces des précédents témoins.
Retour à Kaboul sous émirat taliban, une création documentaire @canalplus déjà disponible pic.twitter.com/LRGdfiUfi2— CANAL+ Docs (@CanalplusDocs) February 1, 2022
Diffusé mardi 1er février sur Canal +, le film Retour à Kaboul sous émirat taliban est également disponible sur la plate-forme de la chaîne MyCanal, comme son tout aussi passionnant premier volet « Kaboul, au cœur des talibans ».