Devenus incontournables dans les échanges numériques, les émojis constituent un néolangage universel qui semble s’être imposé le plus naturellement du monde dans notre quotidien. La série documentaire en trois épisodes «Emoji-nation» en dévoile les enjeux stratégiques insoupçonnés.
Nés au Japon, les émojis se sont imposés en Occident à la fin des années 2000 sous l’égide du consortium Unicode – organisme privé à but non-lucratif – en charge d’approuver l’incorporation de tout nouveau symbole. Parmi les adhérents – qui doivent payer 21.000 dollars par an pour y siéger – se trouve notamment Apple, Google ou Facebook. Des gouvernements y figurent également, dans le but de promouvoir la culture de leur pays à travers les émojis. Les membres de la société civile peuvent, eux aussi, soumettre des pictogrammes, à l’instar de la Saoudienne Rayouf Alhumedhi, 15 ans, qui a proposé l’émoji «hijab» en 2016, et dont la proposition a été validée un an plus tard par les membres du consortium.
[] “EMOJI-NATION, un langage sous influence”, ma web-serie documentaire co-produite par @_URBANIA @URBANIAfr et @ARTEfr est disponible sur @icitoutv au #quebec #canada dès le 21 juillet ! :)) et fin 2021 en #france sur @ARTEfr pic.twitter.com/tDfzPhqFJo
— stephanie cabre (@s_cabre) July 8, 2021
C’est sur ce monde méconnu des émojis, le pouvoir qu’ils représentent, et ceux qui l’exercent, que la journaliste Stéphanie Cabre s’est intéressée dans la série documentaire «Emoji-nation». Elle s’interroge notamment sur le poids des géants du numérique dans la validation ou le bannissement des émojis qui sont proposés aux utilisateurs du monde entier. «Le danger de leur déléguer un tel pouvoir est que leurs exigences et ambitions pour le monde de demain ne reflètent pas forcément les valeurs que la société s’est choisie», s’inquiète par exemple le chercheur Evgeny Morozov, spécialiste des implications politiques et sociales de la technologie.
Une enquête passionnante sur un accessoire numérique en apparence innocent, mais dont la portée politique ne devrait pas être sous-estimée dans certains cas. Elle donne la parole à des acteurs incontournables du milieu, notamment Mark Davis, le président du consortium Unicode, Shigetaka Kurita, l’inventeur de l’émoji, ainsi qu’un large panel de spécialistes.