Arcane est sans doute l'une des plus belles séries animées adultes du moment. Un incontournable, qu’on soit fan du jeu vidéo League of Legends ou pas, réalisé par le talentueux studio parisien Fortiche.
Belle à couper le souffle. Arcane, la nouvelle série animée diffusée en exclusivité sur Netflix depuis le 7 novembre ne passe pas inaperçue et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour son esthétique qui mêle avec un talent rare 2D et 3D dans une série d’animation. «Chaque scène, chaque décor a été pensé comme un véritable tableau», confie Marietta Ren, storyboardeuse sur le projet. Au-delà de la formule, le résultat est étonnant. Les neuf épisodes qui composent cette première saison et qui seront diffusés, pour ne pas dire égrainés, trois par trois tout au long du mois de novembre, font la démonstration de la maîtrise technique et artistique du studio français Fortiche en charge de ce projet inédit.
Ensuite, parce ce cette série animée à destination d’un public mature (classée 16+) s’inspire d’un jeu vidéo, véritable phénomène depuis plus de 10 ans : League of Legends (LoL). Ne fuyez pas, pas la peine de connaître l’univers du jeu élaboré par les Riot Games pour se plonger et apprécier l’histoire de Vi, Jinx, Jayce, Caitlyn et des autres. Des noms familiers aux oreilles des gamers qui retrouveront-là quelques personnages (champions) issus de ce Moba (Arène de bataille en ligne multijoueur) ultra populaire qui compte, avec les jeux liés à son écosystème comme Wild Rift, plus 180 millions d’adeptes actifs selon son éditeur. Autant dire : un incontournable dans l’univers des jeux vidéo. Pourtant, s’il s’inspire de l’univers de LoL, Arcane s’en démarque grandement.
Un studio parisien qui réunit 300 talents
«Notre approche n’est pas la même que celle des créateurs du jeu», avoue Pascal Charrue, co-fondateur du studio d’animation Fortiche qui accueille sur trois niveaux et quelque 3.500 m2 dans le 13ème arrondissement de Paris, jusqu’à 300 graphistes, storyboarders, animateurs... Dans le jeu ou deux équipes de cinq joueurs s’affrontent dans des batailles tactiques, l’histoire est réduite à sa plus simple expression. Rien à voir donc avec la série, qui propose au-delà de quelques scènes d’action magistralement mis en scène, une intrigue qui prend place dans le monde de Runeterra.
Là, les riches habitants de la cité Piltover et ceux des bas-fonds du district de Zaun s’opposent. Vi et Jinx sont deux sœurs, voleuses et chapardeuses qui tentent, avec leur bande, de survivre au quotidien dans ce monde sombre et violent. Les deux frangines qui ont quelques années d’écart n’ont pas la même perception du monde qui les entoure ni les mêmes capacités pour y faire face. Arcane explore avec finesse cette relation sororale et tragique dans un univers ou une ancienne et mystérieuse magie attise bien des convoitises. Au-delà de la performance artistique, Fortiche et le show runner Christian Linke de Riot Games, nous emmènent dans une histoire très humaine, touchante. On n’en dira pas plus sur l’intrigue qui se déploie avec une belle intensité narrative tout au long des six épisodes que nous avons pu visionner en avant-première.
Enfin, avec Arcane, Riot Games propulse l’univers du jeu League of Legends dans une toute autre dimension. Décliné à travers des titres comme Legends of Runeterra ou Wild Rift, cet incroyable background prend enfin toute son ampleur. Pour la première fois, et après quelques clips très visuels (eux aussi réalisés par le studio Fortiche), cet ensemble d’une richesse incroyable prend forme. Et quelle forme ! Fortiche donne vie à un univers fantasmé, entraperçu par bribes mais jamais exploité comme il pouvait (devait ?) l’être.
En dégainant la série quasiment au même moment que la finale des championnats du monde de LoL en Islande (les fameux « World ») et en assurant la promotion de celle-ci à à travers de nombreuses actions dans ses jeux, Riot Games s’assure d’avoir l’attention des gamers du monde entier. Pour autant, Arcane mérite d’aller bien au-delà. Les premiers épisodes de cette série laissent entrevoir ce qui pourrait être in fine un chef-d’œuvre de l’animation. Les cinéphiles autant que les gamers ne s’y tromperont pas.