Adaptation par Éric Toledano et Olivier Nakache de la série israélienne « BeTipul », « En thérapie » et son casting cinq étoiles sondent un pays en état de choc au lendemain des attentats de Paris en 2015.
La série reprend le concept de la série culte d’Hagai - à savoir suivre un psy en séance semaine après semaine (concept repris sous le titre In treatment aux Etats-Unis avec Gabriel Byrne dans le rôle du psy) - et le recontextualise à Paris, au lendemain des attentats de 2015.
Dans ce huis-clos passionnant de 35 épisodes de 26 minutes, le psychologue (Frédéric Pierrot) reçoit cinq patients, une jeune chirurgienne en plein questionnement amoureux (Mélanie Thierry), un agent de la BRI traumatisé par son intervention au Bataclan (Reda Kateb), une jeune fille aux tendances suicidaires (Céleste Brunnquell), et un couple en crise (Pio Marmaï et Clémence Poésy). De son côté, bouleversé par le séisme émotionnel que provoque en lui ces séances, il consulte sa psy référente (Carole Bouquet).
Au gré des épisodes se dessine une société fracassée, un monde dont l’emballement et la violence sociale engendrent les plus grandes des solitudes, et dans lequel le cabinet du psy est le dernier refuge pour faire émerger pensées et émotions et retrouver valeur et confiance.
Première série du tandem Nakache-Toledano
Les réalisateurs d’Intouchables et du Sens de la fête s’essaient ici pour la première fois au format sériel. L’idée leur est venue après le traumatisme des attentats de 2015. « On a ressenti que nous avions tous un besoin partagé de dialogue et d’écoute. Dans ce contexte, le projet prenait un tout autre sens, il devenait presque une nécessité », expliquent-ils.
La contrainte du décor unique du cabinet de psy était pour eux « passionnante » à aborder, une manière de rendre la puissance à la parole, de remettre en fait le dialogue, l’écoute et le silence au cœur des choses dans un monde devenu aujourd’hui cacophonique. « La forme de la série est en fait très adaptée à la psychanalyse. Chaque épisode est un champ-contrechamp, un face-à-face qui prend le temps entre deux points de vue. Une autre temporalité s’installe, la parole acquiert une nouvelle valeur. Les personnages évoquent parfois des choses qu’il est impossible de montrer… Quand Adel (Reda Kateb) raconte son entrée dans le Bataclan, c’est par les mots qu’il nous fait vivre la scène. C’est comme un cinéma intérieur que le spectateur est amené à explorer », analyse Eric Toledano.
« En Thérapie montre aussi que la psychanalyse s’adresse à tout le monde. Elle démonte certains mécanismes, pour mieux les faire comprendre. Je crois sincèrement qu’aller à la rencontre de ces personnages peut nous éclairer sur nous-mêmes. Mais nous ne faisons pas une ode aux psychanalystes ! Au contraire, en tentant de dénouer les nœuds de ses patients, on voit le docteur Dayan traverser une crise profonde. Il n’y a aucune certitude : c’est ce que raconte En Thérapie en dévoilant les êtres sous des angles divers, loin de tout manichéisme ».
Filmés au plus près des visages et des émotions, Mélanie Thierry, Frédéric Pierrot, Reda Kateb, Carole Bouquet, Pio Marmaï et Clémence Poésy font merveille et bouleversent. A l’heure de la crise sanitaire liée à la pandémie, En Thérapie résonne avec d'autant plus de profondeur. « C'est vrai que le timing est très particulier pour nous », ont d'ailleurs fait savoir les réalisateurs, ce jeudi matin sur Europe 1. « C'est une série sur l'homme, sur l'écoute (…) et là, on a la sensation que les gens sont dans une détresse psychologique qui ne fait que s'accroître ».
La série a déjà enregistré plus de 3,2 millions de visionnages en ligne sur Arte TV, où elle est proposée en intégralité depuis le 28 janvier. Les téléspectateurs d’Arte pourront voir les épisodes les jeudis du 4 février au 25 mars à 20h55. Un timing parfait puisqu’Olivier Nakache recommande de ne pas binge-watcher En Thérapie. «Je suggère de ne pas faire comme on fait aujourd'hui dans la consommation, de pas manger toute la série d'un coup, a-t-il dit sur Europe 1. Parce que comme une séance de psy, à chaque fois qu'on s'arrête, on part avec une réflexion qui, normalement, doit permettre de cogiter pendant un temps…».