Dans un article publié sur le site du New York Times, l’expert en jeu d’échecs Dylan Loeb McClain note les similarités qui existent entre le personnage de Beth Harmon (incarnée par Anya Taylor-Joy), et le champion américain Bobby Fischer.
Adaptée du roman éponyme de Walter Trevis publié en 1983, l’histoire de The Queen’s Gambit (Le Jeu de la Dame en français) suit une jeune prodige des échecs de ses huit à ses 22 ans, de son apprentissage auprès du concierge de l’orphelinat où elle atterrit après la mort de sa mère dans un accident de voiture, à son face-à-face avec le champion du monde en titre, le russe Vasily Borgov, à Moscou.
L’expert en jeu d’échecs Dylan Loeb McClain a souligné, dans un article publié sur le site du New York Times, les similarités entre la vie de Bobby Fischer et le personnage de Beth Harmon. La série se déroule sur une période allant de 1958 à 1968, ce qui correspond au sommet de la carrière de Bobby Fischer, devenu champion des États-Unis en 1957 à l’âge de 14 ans. Il remporta le titre mondial en 1972, à l’âge de 29 ans, face au champion du monde en titre, le russe Boris Spassky (rencontre organisée en Islande, ndlr). Une victoire largement médiatisée, notamment en raison de la Guerre Froide, qui venait mettre fin à 24 ans d’hégémonie soviétique sur le monde des échecs.
Beth Harmon remporte le tournoi des États-Unis en 1967, soit l’année où Bobby Fischer gagne son 8e et dernier titre national. Selon Dylan Loeb McClain, l’héroïne de la série affiche un jeu très agressif face à ses adversaires, avec une tendance à attaquer rapidement sur l’échiquier. Exactement comme Bobby Fischer. L’ancien champion d’échecs avait également entrepris d’apprendre le Russe - comme l'héroïne dans la série - afin de pouvoir lire les publications locales et les journaux dédiés aux échecs en URSS.
D’autres détails peuvent être soulignés, comme le fait que Bobby Fischer était doté d’une intelligence supérieure à la moyenne, et était, un peu comme Beth dans la série, une personne considérée comme ayant des difficultés à gérer les interactions sociales. Il était également un lecteur assidu de tous les ouvrages concernant les échecs, et ce depuis son plus jeune âge (par contre, il ne dominait pas les compétitions étant enfant). Bobby Fischer était également connu pour son goût immodéré pour les beaux vêtements, avec des costumes et des chaussures sur-mesure. Il fut également un des premiers joueurs à exprimer ouvertement ses exigences concernant sa rémunération en tant que professionnel, ce qui a été déterminant dans l’évolution du statut des joueurs d’échecs par la suite.
Dylan Loeb McClain ne manque pas de souligner une certaine ironie dans le choix de Walter Trevis de raconter cette histoire du point de vue d’une femme. Non seulement parce que Bobby Fischer était ouvertement critique à l’encontre des femmes, et encore plus vis-à-vis de celles jouant aux échecs, affirmant qu’elles étaient moins intelligentes que les hommes. Walter Trevis, qui est mort un an seulement après la publication de son livre, avait affirmé que The Queen’s Gambit était «un tribut aux femmes intelligentes». «J’aime Beth pour sa bravoure et son intelligence. Dans le passé, beaucoup de femmes ont été obligées de cacher leur intelligence, mais plus maintenant», avait-il déclaré.