Arte propose un édifiant documentaire sur les thérapies de conversion qui prétendent «guérir» les homosexuels.
Aux Etats-Unis dans les années 1960, alors que l’homophobie est monnaie courante à la télévision, certains considèrent l’homosexualité comme une déviance qu’il faut éradiquer. Pour ceux qui la désignent comme une maladie neurologique, une solution : la lobotomie.
Dans les années 1970 ce sont les techniques dites aversives qui font leur entrée dans le champ des «solutions» au « problème ». Des photos suggestives sont alors montrées aux homosexuels qui se voient infliger des impulsions électriques à chaque érection. Par la suite, alors que les médecins abandonnent peu à peu ces pratiques, ce sont les mouvements religieux qui prennent le relais. Dès 1976, Exodus, une association évangélique affirme ainsi avoir le pouvoir de « guérir l’homosexualité »... Dans son sillage, des centaines d'obscures organisations voient le jour. Aujourd’hui encore, de nombreux groupes fondamentalistes dénoncent l'homosexualité comme une maladie à traiter.
Arte propose de voir ce mardi 26 novembre à 20h50 «Homothérapies, conversion forcée», une édifiante enquête menée dans cinq pays. Cinq démocraties censées être éclairées, pour comprendre les mécanismes des thérapies de conversion, mais aussi identifier ceux qui les pratiquent et surtout mesurer le danger qu’elles représentent. Prêtres, pasteurs ou encore psychothérapeutes autoproclamés y développent des théories fumeuses et leurs pratiques aux dérives sectaires ont des conséquences désastreuses sur la vie de leurs victimes.
Bernard Nicolas révèle un phénomène alarmant: des programmes de conversion à destination des #homosexuels sont menés en toute impunité par des groupes religieux.
Intw https://t.co/CxQzbYP06l
Homothérapies, conversion forcée
Sur @ARTEfr le 26.11
En ligne du 19.11 au 24.11 pic.twitter.com/kPFwkZu1CB— ARTE pro (@ARTEpro) 3 novembre 2019
« Les victimes restent souvent dans le silence, d’autant qu’il s’agit de croyants pour lesquels s’opposer à leur Église, et par là même à leurs familles, serait sacrilège », explique Bernard Nicolas. « Une étude menée aux États-Unis par des sociologues avance le chiffre de 700 000 personnes touchées par les thérapies de conversion en quarante ans. En Europe, en revanche, on a peu de données. Ces groupes opèrent souvent dans la plus grande discrétion, avec un appui officieux et ambigu, par exemple, de l’Église catholique, qui ne les condamne pas, même si elle ne les soutient pas officiellement. »
Le journaliste d’investigation à qui l’on doit notamment « Mediator, histoire d’une dérive », confie que lui et ses équipes, qui se sont donc rendus aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Pologne et en Suisse, ont été contraints de recourir à la caméra cachée pour mettre au jour ces groupes et ce qu'il se passe en leur sein.
« Ce qui se passe à l’occasion de ces thérapies de conversion est ahurissant, certains rituels confinant à la transe et à la folie. Sans accès, tout cela était toutefois très difficile à démontrer. Nous avons donc décidé d’infiltrer deux groupes français en caméra cachée. C’était le seul moyen de montrer la réalité de la manipulation affective et spirituelle exercée par ces mouvements sous couvert d’aide aux homosexuel(e)s en souffrance (…) J’espère que ce documentaire va susciter une prise de conscience. Lorsqu’on écoute les victimes, cela fait froid dans les dos. Certaines ont subi des exorcismes extrêmement violents. Dans ma carrière, c’est l’une des enquêtes les plus fortes que j’ai menées ». Des témoignages bouleversants et inédits de plusieurs victimes viennent l'enrichir. Elles y relatent pour la première fois les épreuves extrêmement violentes qu’elles ont subies.