Dans «El Camino», Vince Gilligan propose aux fans de «Breaking Bad» sa propre lecture sur le devenir de Jesse Pinkman depuis son évasion dans «Felina», dernier épisode de la série diffusé il y a six ans.
A l'époque, les téléspectateurs avaient quitté le personnage au volant d’une Chevrolet El Camino de 1978, pleurant, riant, et hurlant de rage. Dans sa fuite, il laissait derrière lui ses tortionnaires néo-nazis, et Walter White, son libérateur. Mais aussi celui avec lequel il a entretenu une relation particulièrement complexe mêlée d’amitié et de haine, de respect et de mépris, tout au long des cinq saisons que compte la série.
Devant lui se dressait un monde inconnu que Vince Gilligan décrivait ainsi dans le script (via Collider) de ce dernier épisode. «A partir de là, il ne tient qu’à nous de deviner sa prochaine destination. J’aime l’appeler ‘quelque chose de meilleur’, sans rien d’autre à ajouter», peut-on lire. Contrairement à «Game of Thrones», cet épisode final de «Breaking Bad» est resté dans toutes les mémoires comme la conclusion quasi-parfaite d’une série adulée par ses millions de fans. Elle offrait à la fois une ouverture laissant libre court à l'imaginaire, tout en répondant à la nécessité de voir l’histoire toucher à sa fin.
Selon Vince Gilligan, sa réflexion sur le devenir de Jesse Pinkman après son évasion avait débuté avant même la diffusion du dernier épisode. «J’ai commencé à me demander : ‘Mais que va-t-il arriver à Jesse ?’. On le voit prendre la fuite en voiture. Et dans mon esprit, il s’agit d’un ‘happy ending’. Mais plus les années passaient, plus je me demandais ce qui avait pu se passer», explique-t-il.
La vie ou la mort ?
Tout au long des six années séparant le dernier épisode de la série, et la mise en ligne du film sur Netflix – prévue pour le 11 octobre prochain pour ceux qui n’avaient toujours pas eu l’information – Vince Gilligan a évoqué à plusieurs reprises la destinée de Jesse Pinkman, personnage qui, pour la petite histoire, aurait dû mourir à la fin de la saison 1, et ne doit sa survie qu’au talent d’acteur d’Aaron Paul («J’ignorais à quel point ce mec était bon quand je l’ai engagé», avait expliqué Vince Gilligan lors d’un panel en 2010. Voir à 00:34).
Dans une interview avec le site ew.com, dans la foulée de la diffusion de l’épisode final, le créateur de la série apportait la preuve que le devenir du personnage agitait déjà sérieusement ses méninges. «Il a une longue route vers la guérison devant lui, cela après avoir été retenu prisonnier dans un donjon pendant six mois durant, après avoir été battu au point de frôler la mort, et après avoir vu Andrea se faire abattre. Toutes ces choses terribles qui lui sont arrivées et dont il a été témoin vont lui laisser des cicatrices», expliquait Vince Gilligan.
Plus tard, en 2013, dans une interview avec GQ, il évoquait le fait que Jesse était loin d’être sorti d’affaire au moment de prendre la fuite. Et que cela marquait le début d’une cavale compliquée. «La chose la plus probable, aussi négatif que cela puisse paraître, est que les autorités vont découvrir les empreintes de Jesse dans chaque recoin du laboratoire, et qu’ils vont réussir à le retrouver d’ici quelques jours, semaines, ou mois. Et qu’il sera toujours accusé du meurtre de deux agents fédéraux», expliquait-il. Une réponse qui dessine déjà les contours du scénario de «El Camino».
Dans cet entretien avec GQ, Vince Gilligan se veut toutefois optimiste à propos de ce que le futur réserve à Jesse, le voyant trouver refuge en Alaska, changer de nom, et débuter une nouvelle vie. «Il le mérite», précise-t-il.
Alors, quel sort Vince Gilligan réserve-t-il à Jesse dans «El Camino» ? Au premier abord, il semblerait que sa relation avec le personnage – tendre et bienveillante – pousse à un certain optimisme. La bande annonce indique que Jesse Pinkman va devoir lutter bec et ongle pour réussir à échapper à ses poursuivants, à la prison, et/ou la mort. Cette issue fatale, triste, et potentiellement sanglante, reste une option tout à fait réaliste. Mais voir Jesse Pinkman parvenir à sauver sa peau - pour la deuxième fois - serait particulièrement savoureux pour de nombreux fans. Et tant pis pour le côté «fan service» que cette conclusion conférerait au film, et par association, à l'ensemble de l'oeuvre de Vince Gilligan.