La 33 ème édition du Festival des Jeux de Cannes s’est clôturée fin février avec succès. Les joueurs occasionnels ou expérimentés, venus en famille ou entre amis, étaient plus nombreux cette année par rapport à l’an passé. L’occasion de tirer quelques observations sur l’état du secteur.
LES JEUX D'ENTRAIDE PLAISENT AUX JOUEURS
L’As d’Or, prix le plus prestigieux pour un créateur de jeu, a été attribué à trois jeux coopératifs durant cette dernière édition : The Mind, Mr Wolf et Detective. Ce type de jeu s’est «multiplié ces dernières années» d’après Damien Leloup, membre du jury, et a la côte auprès des joueurs : il ne s’agit plus de s’affronter comme dans les jeux traditionnels mais de s’entraider et d’être solidaire pour gagner ensemble. The Mind, élu meilleur jeu de l’année, en est l’incarnation parfaite. Son principe ? Chaque joueur reçoit une carte numérotée entre 1 et 100. Posées sur la table, elles doivent se suivre dans l’ordre pour remporter la partie. Les joueurs doivent réussir ensemble mais sans avoir le droit de communiquer.
© Palais des festivals - Fabre
Par ailleurs, les escape games, jeux de rôle coopératifs par excellence ou les joueurs doivent résoudre des énigmes en équipe, restent encore cette année une tendance majeure comme à l’image du 32e Triathlon Cannois du Rôle, organisé sur les trois jours du festival.
DES COMMUNAUTÉS DE JOUEURS ET CRÉATEURS
Le festival a une nouvelle fois cette année accueilli l’assemblée générale du réseau des cafés ludiques de France. Ce réseau compte 300 bars à jeux en France, comme « The Good Game » à Paris ou le « Lutin Ludique » à Dinan, en Bretagne. Ces derniers rassemblent des communautés de joueurs qui se rencontrent autour d’un verre tout en découvrant de nouveaux jeux, parfois primés aux As d’Or.
Le bar «The Good Game» attend les amateurs et passionnés de jeux de société au 78, rue de Cléry (2e). © The Good Game
Le monde du jeu est aussi en effervescence grâce à des créateurs plus nombreux. Nadine Seul, la commissaire du festival affirme qu’«il existe environ une trentaine d'éditeurs français, dont un bon nombre d'indépendants, et on estime qu'un millier de jeux nouveaux sortent chaque année contre 500 en 2010».
Des plateformes de financement participatif comme Kickstarter n’y sont pas pour rien puisqu’elles permettent de faire émerger en permanence des créateurs et des nouveaux jeux. «Les gens qui» par exemple, créé par la startup Chouic et financé sur Ulule, a dépassé son objectif de 7000 euros récoltés, l'équipe va pouvoir lancer la fabrication du jeu et présentera ce dernier à la Boutique Ulule, le 14 mars, de 18h30 à 21h30.
© Chouic
Des éditeurs et distributeurs impliqués et reconnus
Ils étaient 1500 en plus sur le festival par rapport à l’an passé, attirés par des joueurs toujours plus nombreux. C’est toujours l’occasion pour eux de se créer des contacts, de rencontrer le public, mais aussi de rechercher de nouveaux jeux comme pendant «les Nuits du Off», quatre nuits durant lesquelles des créateurs font découvrir leurs prototypes ou maquettes de jeux.
D’autre part, Asmodee, éditeur et distributeur français, pèse sur la scène mondiale : «Nous avons 850 salariés dans le monde, cinq studios aux États-Unis et huit en Europe. Nous travaillons avec 800 boutiques en France et nous lançons des dizaines de nouveaux concepts tous les ans.» déclarait au Parisien, Thomas Koegler, le directeur du développement.
Le marché des jeux de société en France représentait 14 % du total du marché du jouet en 2017, selon le cabinet NPD Group. Il rafle, selon Nadine Seul, la première place au niveau européen devant l'Allemagne qui a longtemps dominé ce marché.