«The Marvelous Mrs Maisel», hommage aux débuts du stand-up américain dans le New York des années 1950, est doublement plébiscitée, par la critique et le public.
Miriam Maisel a tout : la beauté, l'amour, deux beaux enfants et un grand appartement digne des couvertures de magazines. La parfaite épouse modèle, toujours tirée à quatre épingles, et répondant à toutes les conventions de la fin des années 1950.
Jusqu'au jour où son conte de fée se fissure. Son mari, Joe Maisel, la quitte pour sa secrétaire. Celle qui soutenait son époux, infidèle et sans talent, dans ses rêves de devenir comique, se découvre alors un don certain pour le stand-up. Une vocation soudaine mais surtout un expiatoire où sa répartie cinglante, délicieusement provocante et son flot de parole dément peuvent enfin se libérer.
Alors qu'à sa sortie sur Amazon Prime à l'hiver 2017, la série s'était faite discrète, «The Marvelous Mrs. Maisel» s'est définitivement ancrée dans le palmarès des réussites de l'année 2018. Avec huit Emmy Awards et deux Golden Globes, la création d'Amy Sherman-Palladino, showrunneuse de la série phare des années 2000, Gilmore Girls, a réussi à gagner le cœur des spectateurs et critiques.
La Fabuleuse Mrs Maisel (en français) revient d'ailleurs pour une nouvelle saison, le 5 décembre prochain. Voici donc quelques raisons de rapidement rattraper les premiers épisodes.
UN CASTING IMPECCABLE
On ne voit qu'elle. Elle charme, virevolte, débite ses dialogues à un rythme infernal, nous fait rire et nous émeut. Au coeur de l'intrigue, Mrs Maisel, ou «Midge», nous transporte, interprété avec brio par Rachel Brosnahan.
©Nicole Rivelli / Amazon Prime
Si vous avez l'impression d'avoir vu ce visage quelque part, c'est normal. L'actrice américaine de 27 ans a débuté sa carrière en multipliant les courtes apparitions dans les séries à succès («Les Experts», «Gossip Girl», «Grey's Anatomy», ..). Son rôle de prostituée, engagée par Doug Stamper dans «House of Cards», ou de femme rangée dans «Manhattan» lui ont permis de se faire remarquer.
Mais c'est avec son rôle de divorcée moderne et fantasque qu'elle perce. Récompensée d'un Golden et d'un Emmy pour meilleure actrice, elle forme un duo décapant avec Suzie, sa manager cynique incarné par Alex Borstein. On se réjouit également de retrouver Tony Shalhoub, inoubliable interprète d’Adrian Monk.
LA DOUCE NOSTALGIE DE LA FIN DES ANNÉES 1950
Les couleurs pastel, les coffee shops, les métros propres : «Marvelous Mrs Maisel» nous plonge avec délice dans une vision idyllique de l'Amérique glorieuse et prospère de la fin des années 50.
On se prendrait même à regretter ses codes vestimentaires étriqués, la routine beauté à base de bigoudis et les vinyles écoutés à même la moquette.
La reconstitution plutôt fidèle du New York de l'époque, des beaux quartiers de l'Upper West Side, jusqu'aux cafés de Greenwich Village sublime les épisodes. Des décors qui nous plongent directement dans une atmosphère rappelant les films de Woody Allen ou la série Mad Men, en un peu plus sucré.
UNE CANDIDE FÉMINISTE
Le personnage de «Midge» répond en tous points aux stéréotypes de la mère au foyer dans laquelle elle excelle : mère de deux enfants, véritable cordon bleu, elle prend grand soin de sa plastique, assidue à tous ses cours de gym, et se promène dès qu'elle le peut à Central Park.
©Nicole Rivelli / Amazon Prime
Les dialogues raffolent de la naïveté de «Midge». Celle qui n'a encore jamais remis en cause son univers se heurte frontalement au conservatisme de la société américaine et à son rigide modèle patriarcal. Scandalisée par les arguments des manifestations d'afro-américaines, recalée pour un poste de lifitier au profit de vendeuse en cosmétiques, blâmée pour son divorce par ses propres parents qui lui reproche de ne pas avoir su garder son mari ... Elle vit dans un monde d'hommes. Et tout est là pour lui rappeler.
Or, au fil des embûches, elle montre à quel point une femme bien rangée et de bonne famille peut se révéler autonome, extravertie, décalée. En bref, différente d'une housewife classique. Si elle doit emménager dans sa chambre de petite fille après son divorce, elle y fonce sûre d'elle, comme si c'était son choix depuis le début. Et elle fait de même dans le stand up.
Le stand-up À L'AFFICHE
Très ancré dans la culture américaine, le stand-up américain connaît un nouveau souffle depuis quelques années, notamment grâce à la place donnée par les plateformes comme Netflix, remportant un franc succès même outre-Atlantique.
«Marvelous Mrs Maisel» surfe sur cette vague d'humour ravageur, reproduisant cet âge d'or, époque des pionniers de la scène comique, égrenant les noms d'artistes icôniques des années 50, à l'image de Lenny Bruce, personnage récurrent incarné par Luke Kirby.
©Nicole Rivelli / Amazon Prime
Et c'est là que «Midge» entre en scène. Statut de la femme, maternité, adultère, religion : à l'image de ses contemporaines non-fictives, Hannah Gadsby ou Ali Wong, elle fait de son quotidien de parfaite femme au foyer un puit sans fond de saillies cinglante, aux jeux de mots acides avec une allure toujours quelque peu provocante.
Féminisme, stand-up, vintage ... on peut dire que cette farce critique de l'Amérique des années 50 surfe sur les thématiques du moment. L'oeuvre d'un algorithme ? Peut-être. En tout cas, nombreux sont ceux qui attendent déjà les nouvelles aventures de la plus fantaisiste des divorcées de l'Upper West Side.