Aux premières loges d’un coucher de soleil de carte postale sur la verrière du Grand Palais, des milliers de «dîneurs en blanc», 17.000 selon les organisateurs qui revendiquent un record de participation, ont fêté dimanche soir le 30e anniversaire de ce pique-nique géant très «bon chic bon genre» sur l’esplanade des Invalides à Paris.
Rassemblement annuel sans autorisation, mais toléré pour son organisation quasi militaire «sous le signe de l’art de vivre et de la convivialité», ce dîner par cooptation a réuni deux fois plus de participants que d’habitude, dont 6.000 étrangers venus spécialement à Paris.
Concept français, cet événement connaît un succès international avec des éditions tout aussi codifiées dans 80 villes dont New York, Montréal ou Sydney.
Strict protocole
Les pique-niqueurs vêtus de blanc selon un protocole strict, sont notamment tenus de ne laisser aucun déchet à l’issue des agapes qui prennent toujours fin autour de minuit. Les alcools forts et la bière sont formellement interdits.
Informés au dernier moment du lieu du dîner, au terme d’un jeu de piste, les convives sont arrivés avec tables et chaises pliantes, vaisselle, nappes et même pour certains bougeoirs en argent et centres de tables Grand siècle, dans l’objectif de respecter le plus possible les codes du service à la française. Au-delà du blanc obligatoire, de plus en plus de participantes souvent chapeautées, rivalisent d’élégance avec des tenues parfois extravagantes.
En quelques minutes, les participants, «amis d’amis», se sont installés sur les 33.000 m2 de l’esplanade des Invalides longue entre la Seine et l’hôtel des Invalides. Les pelouses de ce lieu emblématique parisien sont libres d’accès habituellement our des pique-niques.
«Tout ce blanc, c’est magnifique! C’est incroyablement graphique. Il n’y a pas d’argent en jeu et c’est très sympa même si c’est sans doute un peu "bobo parisien"», a confié à l’AFP le photographe Yann Arthus-Bertrand, en famille parmi les participants, mais aussi pour immortaliser l’événement.
Pour Laurence qui vient chaque année sans participer au dîner accusé parfois d’entretenir l’entre-soi par un système de cooptation, «l’événement est une vraie fête en toute simplicité malgré les détracteurs. Les gens sont heureux, ça se voit. Ils ne paient pas pour être là».
Succès international
Le Dîner en blanc de Paris, créé en 1988 par le Français François Pasquier qui rêvait de dîner avec des amis dans les plus beaux endroits de Paris, a eu pour cadre aussi les jardins du Palais Royal, la place des Vosges, les contre-allées des Champs-Elysees, la place de la Concorde, le Champs de Mars au pied de la Tour Eiffel, les parterres de la Place de la Concorde ou le parvis de Notre-Dame-de-Paris.
«Le succès à l’international est incroyable. On n’avait rien anticipé. Le phénomène a pris de lui même. On est au-delà du phénomène de mode. A Paris ou à l’étranger, le fil rouge repose sur des valeurs positives, associées à l’élégance et l’amitié », estime Aymeric Pasquier, fils du créateur, en charge du développement à l’international.
Quelques heures avant le 30e Dîner en blanc, David Belliard, président du groupe écologiste au Conseil de Paris, a estimé sur Twitter que cet événement «qui réunit le banc et l’arrière banc de la bourgeoisie, bénéficie d’une tolérance absolue de la Préfecture de Police malgré une occupation illégale de l’espace public».
Le #dinerenblanc, qui réunira dimanche le banc et l'arrière banc de la bourgeoisie, bénéficie d'une tolérance ABSOLUE de la @prefpolice malgré une occupation illegale de l'espace public.Tolérance dont n'ont bénéficié ni ni les lycéens d'#Arago ni les manifestants@LeParisien_75 pic.twitter.com/ECDerhpT5b
— David Belliard (@david_belliard) 2 juin 2018