Un dessin inédit de Michel-Ange, «Le Sacrifice d'Isaac», récemment découvert au cours d'une restauration, est exposé pour la première fois au public à Rome auprès d'une Cléopâtre quant à elle retrouvée trente ans plus tôt dans des circonstances identiques.
«C'est vraiment une belle histoire que la découverte de ce dessin», s'est réjoui le ministre italien des Biens culturels, Dario Franceschini, en présentant cette exposition aux Musées du Capitole (jusqu'au 7 mai). L'oeuvre est un croquis du «Sacrifice d'Isaac» réalisé vers 1530 au crayon noir par le maître florentin au verso d'un dessin représentant le même épisode de la Bible. Sa découverte a eu lieu au début de l'année 2016, au cours de la restauration du recto.
«Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, on protégeait les papiers anciens en collant derrière une sorte de petit carton», explique Pina Ragionieri, présidente de la fondation florentine Buonarotti, que se consacre à l'oeuvre de Michel-Ange (1475-1564). «Mais on sait désormais que cette technique constitue un danger pour la conservation de l'oeuvre», ajoute-t-elle.
«Autant de souffrance que la perte d'un enfant»
C'est au cours de l'opération de décollement de ce carton qu'est apparu le second dessin. Elle a révélé que l'artiste avait dans un premier temps réalisé un croquis sur un côté de la feuille et qu'il l'avait ensuite décalqué au revers d'un trait de crayon rouge encore visible sur le dessin bien connu du «Sacrifice d'Issac». Ce sont les mêmes circonstances qui avaient permis, en 1988, de découvrir au dos d'une Cléopâtre, célèbre dessin réalisé par Michel-Ange en 1535 pour son amant Tommaso dei Cavalieri, une autre Cléopâtre.
Si elle ressemble à celle qui est dessinée au recto, avec notamment ses cheveux s'enroulant autour de son cou tel un serpent, la reine d'Egypte apparaît au verso dans une esquisse beaucoup moins aboutie. En 1562, Tommaso dei Cavalieri, un noble romain, s'était vu contraint d'offrir l'œuvre au duc Cosimo Ier de Médicis. Il avait accompagné son don d'une lettre dans laquelle il affirmait que «se priver du dessin de Cléopâtre lui infligeait autant de souffrance que la perte d'un enfant...».
Mort à Rome en 1564, Michel-Ange a laissé à la Ville éternelle certains de ses plus grands chefs-d'oeuvre dont la célèbre Chapelle Sixtine et la place du Capitole.