Le pape François a célébré mardi soir l'amour "inconditionnel" et "gratuit" face à la logique marchande, lors de sa traditionnelle homélie de Noël devant des milliers de fidèles.
"Noël nous rappelle que Dieu continue d’aimer tout homme, même le pire", a souligné le chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde, lors de la messe de la nuit de Noël dans la somptueuse basilique Saint-Pierre de Rome.
"Son amour est inconditionnel" et "gratis" même si "tu peux avoir des idées erronées", a insisté le pape, en soulignant que c'est "la gratuité" de ce type d'amour qui "répand la paix et la joie".
La messe de la nuit de Noël commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem.
Mais aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance. Sa célébration le 25 décembre a été choisie au IVème siècle en Occident, ce qui permettait à la circoncision de Jésus (longtemps inscrite dans le calendrier) de tomber le 1er janvier.
S'exprimant sous le baldaquin dessiné par le Bernin, où seul le souverain pontife est autorisé à célébrer la messe, François a aussi demandé mardi soir aux fidèles de ne pas oublier de "dire merci", notant que "c’est le meilleur moyen pour changer le monde".
"N'attendons pas que notre prochain devienne bon pour lui faire du bien, que l’Eglise soit parfaite pour l'aimer, que les autres nous considèrent pour les servir. Commençons les premiers", a encore conseillé le pape.
François, qui vient de fêter ses 83 ans, adressera son septième message de Noël "Urbi et orbi" ("à la ville et au monde") mercredi en mi-journée devant les fidèles massés sur la place Saint-Pierre, un vaste tour d'horizon des zones de conflits de la planète.
Des chrétiens venus du monde entier se sont également rassemblés tôt mardi près de la basilique de la Nativité à Bethléem.
Dans une ambiance festive, Palestiniens et étrangers ont assisté en matinée, sous un soleil hivernal, au défilé de scouts habillés de bleu, jaune ou beige, paradant au son de cornemuses et tambours autour de la place de la Mangeoire, en face de la basilique.
Dans la basilique, des fidèles ayant fait le voyage jusqu'en Cisjordanie occupée depuis l'Italie, les Etats-Unis ou la Tanzanie ont longuement patienté pour visiter l'endroit exact où serait né Jésus. Ola, venue du Nigeria, s'est réjouie d'être à Bethléem pour ce "jour si spécial".
A 17H00, lorsque les portes de la basilique se sont fermées, ils étaient encore des centaines à attendre de pouvoir visiter l'exigüe grotte de la Nativité, fourmillant de visiteurs.
"La basilique est superbe et elle rend réel ce que l'on apprend dans la Bible", s'est enthousiasmée Laneda, une Américaine venue en famille. "Tout est tellement chargé de sens ici".
- "Espoir" -
Cette année, les festivités sont marquées par le retour en Terre sainte d'un morceau de bois que l'Eglise présente comme une partie du berceau original de Jésus, un don du pape François qui a été réceptionné à Jérusalem puis transféré fin novembre en grande pompe à Bethléem, après 1.300 ans en Europe.
"Cette structure de bois avait quitté la Terre sainte vers l'an 640", selon le custode de Terre sainte, Francesco Patton.
Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem, doit célèbrer la messe de minuit dans l'Eglise Sainte-Catherine, attenante à la basilique de Bethléem, en présence du président palestinien Mahmoud Abbas.
"Nous voyons d'énormes problèmes économiques, un taux de chômage élevé et d'autres problèmes mais (...) Noël est pour nous le moment où nous célébrons l'espoir", a déclaré Pierbattista Pizzaballa en arrivant dans la ville.
Quelques chrétiens de la bande de Gaza devraient également être présents, mais en nombre inférieur par rapport aux années précédentes, Israël ayant accordé moins de permis de sortie de l'enclave palestinienne sous blocus israélien.
Plus de 300 personnes ont été autorisées à quitter la bande de Gaza pour l'occasion, sur les 950 ayant demandé une autorisation, selon Wadie Abou Nassar, porte-parole des Eglises de Terre Sainte.
- Tourisme en hausse -
Dans la bande de Gaza et ses environs, l'année 2019 a été marquée par des violences meurtrières entre le groupe Jihad islamique et les forces israéliennes, alors que les chances de résolution d'un conflit vieux de plus de 70 ans apparaissent de plus en plus éloignées.
Mais, après plusieurs années de baisse de la fréquentation dues aux retombées du conflit israélo-palestinien, Bethléem connaît en 2019 une hausse importante du nombre de visiteurs, selon des responsables palestiniens en charge du tourisme.
Sur la place de la Mangeoire, la ministre palestinienne du Tourisme Rula Maayah s'est réjouie auprès de l'AFP que 3,5 millions de personnes aient visité Bethléem cette année.
Ailleurs dans le monde, la reine Elizabeth II a reconnu dans sa traditionnelle allocution de Noël que l'année 2019 avait été "semée d'embûches", entre scandales ébranlant la famille royale britannique et Brexit.
En France, une grève des cheminots a compliqué les déplacements de nombreux voyageurs, dont certains n'ont pas pu se rendre dans leur famille à temps pour le réveillon de Noël.
A Hong Kong, des heurts ont éclaté dans un centre commercial entre manifestants prodémocratie et police anti-émeute, les contestataires ayant appelé à des rassemblements éclair pendant la période des fêtes.