Les punchlines musclées de Booba, le rap provocateur de Vald et l'humour ravageur de Jamel, baptisé "Debbouzec" pour l'occasion: la première journée des Vieilles Charrues a revêtu des habits plutôt urbains à Carhaix, au coeur de la campagne bretonne.
Pour sa 28e édition débutée sous le soleil, et non sous la pluie annoncée, "le festival n'affichait pas complet" ce jeudi, a déclaré à l'AFP son directeur Jérôme Tréhorel en début d'après-midi. Et ce, pour la première fois depuis quatre ans.
"Environ 55.000 personnes (dont 40.000 payants) sont présentes. En revanche, vendredi, samedi et dimanche, nous sommes à guichets fermés" (70.000 par soir dont 55.000 payants), a-t-il précisé.
Même si le rendez-vous breton, placé cette année sous le signe du carnaval, ne rééditera pas son record de 280.000 festivaliers rassemblés l'an passé, la bonne humeur était de mise dans le sillage de Jamel Debbouze.
Déjà "chaud" en conférence de presse, avant le show qu'il a ensuite donné sur la grande scène Glenmor, l'humoriste, ravi d'être là, a évoqué sa première venue à Carhaix en 2006.
"Je m'en rappellerai toute ma vie. Je ne connaissais pas au début, j'étais sûr de jouer dans une grange et que ce ne serait pas +ouf+. Je suis arrivé et là, 50.000 personnes devant moi. J'ai envoyé, j'ai passé un moment incroyable et j'ai même donné ce jour-là mon vrai nom de famille: Debbouzec!".
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"Ici c'est unique. On ne vit pas ça quand on est comédien, Il n'y a pas d'autre scène comme ça... Pour être prêt, il faut un régime alimentaire, du repos et beaucoup de drogues. Je suis sous molécule, sinon je ne pourrais pas monter sur cette scène. Mais je sais comment je vais commencer: je vais dire +kenavo+ et après je me barre!", a-t-il ajouté hilare.
Promesse tenue à son entrée en scène une demi-heure plus tard, avant de s'offrir un bain de foule et de se faire porter à bout de bras par les spectateurs. "Je fais comme les rockstars !", a-t-il crié avant de délivrer 50 minutes de vannes et d'improvisations inégales, durant lesquelles il a parfois perdu un public de tous âges.
- Le rap, force fédératrice -
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Agitant un drapeau breton, saluant "Erwan, Soizic et... Gluten", faisant monter sur scène des jeunes pour leur offrir le "kif" de quelques secondes de gloire, se moquant aussi d'Emmanuel Macron "né la même année que Faudel", Jamel a finalement eu gain de cause, devant une foule de plus en plus dense et surtout bien plus jeune.
Car ensuite, c'est Booba, torse nu sous sa chemise rouge, bouteille de whisky à la main, qui a pris le relais avec son rap autotuné et sous testostérone.
En Bretagne, comme ailleurs, celui qui truste le haut des charts français depuis plusieurs années a ravi ses très nombreux fans, avec ses tubes "OKLM", "Scarface" et a même dédicacé un titre aux "gilets jaunes".
Avant lui, un autre rappeur, Vald, avait déjà mis une chaude ambiance devant la grande scène avec ses titres "Bonjour", "Eurotrap" ou encore "Désaccordé", connus par cœur par ce même public, finalement assez gâté par la programmation de cette journée inaugurale, qui comprenait également Columbine.
Avec des artistes comme Moha La Squale, Caballero & Jeanjass, Lomepal ou encore Gringe prévus ces trois prochains jours, le rap démontre sa force fédératrice.
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Nulle surprise pour Jamel Debbouze, interrogé sur la question par la presse. "Jay-z est milliardaire et c'est grâce à ses rimes entre autres. Il ne faut absolument pas négliger le rap, si vous voulez comprendre la jeunesse, ce qui se passe dans la rue, écoutez du rap. C'est ce que nos politiques devraient faire", a-t-il suggéré.
Un message qu'aura au moins entendu le ministre de la Culture Franck Riester, de passage à Carhaix, où il a notamment échangé avec quelques-uns des 7150 bénévoles, avant d'aller ensuite écouter les tubes funk de Nile Rodgers et Chic, comme "Good Times", "Le Freak" ou encore la reprise de "Let's Dance" de David Bowie.