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"Amusant" mais "bruyant", le taxi-drone fait un saut de puce à Vienne

Le taxi-drone EHANG 216, lors d'une démonstration publique à Vienne, le 4 avril 2019 [JOE KLAMAR / AFP] Le taxi-drone EHANG 216, lors d'une démonstration publique à Vienne, le 4 avril 2019 [JOE KLAMAR / AFP]

Ceux qui s'imaginaient voler dans l'azur du ciel autrichien en ont été pour leurs frais: pour la première présentation mondiale d'un taxi-drone, jeudi à Vienne, l'appareil de la société chinoise EHang ne s'est élevé que d'une dizaine de mètres, offrant un aperçu limité de cette technologie futuriste.

Alors qu'une dizaine de groupes mondiaux -- dont Boeing et Airbus -- planchent sur ce moyen de locomotion censé révolutionner la mobilité urbaine dans un proche avenir, le constructeur chinois a été le premier à proposer un vol public à plusieurs représentants des médias.

Las ! L'EHang 216, un appareil autonome bi-place à l'élégant design, se sera contenté de très brèves élévations verticales d'une dizaine de mètres, suivies d'atterrissages au point de départ. Sans dépasser les tribunes du stade Generali Arena de la capitale autrichienne où la démonstration a eu lieu.

Trop peu pour faire rêver, mais assez pour recueillir quelques sensations, comme en témoigne le photographe de l'AFP Joe Klamar, un des deux premiers journalistes à avoir embarqué, aux côtés d'un confrère norvégien.

Des journalistes à l'intérieur du taxi-drone EHANG 216 lors d'une démonstration à Vienne, le 4 avril 2019 [JOE KLAMAR / AFP]
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Des journalistes à l'intérieur du taxi-drone EHANG 216 lors d'une démonstration à Vienne, le 4 avril 2019

"C'était amusant, ça se passe en douceur mais c'est étonnamment bruyant et extrêmement étroit. Ce n'est pas pour un gabarit américain moyen", a-t-il confié. "La proximité des hélices est un peu effrayante, mais comme pour le bruit je suppose qu'on peut s'habituer", a ajouté le photographe.

Le niveau sonore de l'EHang 216, un appareil déployant huit paires d'hélices horizontales, est actuellement de 90 db, un seuil inférieur à celui d'un hélicoptère classique mais qui dépasse la zone de confort. Il doit être ramené prochainement à 75 db, selon les promoteurs du projet.

- Le défi de la certification -

Ce véhicule aérien électrique sans pilote, bourré d'électronique, doit à terme pouvoir transporter deux passagers à basse altitude sur une distance de jusqu'à 35 km et offrir une nouvelle solution de mobilité en zone urbaine, selon EHang.

Le taxi-drone EHANG 216 lors d'une présentation à la presse à Vienne le 4 avril 2019 [JOE KLAMAR / AFP]
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Le taxi-drone EHANG 216 lors d'une présentation à la presse à Vienne le 4 avril 2019

La technologie est aujourd'hui prête pour un développement industriel mais ce type d'appareil doit encore être certifié par les autorités aériennes, puis décrocher des autorisations de vol, souligne Derrick Xiong, responsable marketing de la société.

"Notre principal défi n'est pas la technologie, ni la réglementation, c'est le public", à savoir s'il est prêt à utiliser de tels appareils, a-t-il estimé lors de la présentation.

Malgré l'absence de certification à ce jour -- qui explique que l'appareil n'ait pu quitter l'enceinte du stade --, EHang a recueilli "des milliers" de précommandes et veut faire produire son appareil en série "dès l'année prochaine" par le groupe aéronautique autrichien FACC, selon M. Xiong.

Parmi les premiers clients figurent des "compagnies pétrolières, des sociétés de transport d'organes et des sociétés touristiques", a-t-il détaillé. L'EHang 216, dont le prix devrait avoisiner les "200.000 euros", ne sera pas destiné aux acheteurs privés.

Derrick Xiong (d), responsable marketing de la société EHang, lors de la présentation du taxi-drone à Vienne le 4 avril 2019 [JOE KLAMAR / AFP]
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Derrick Xiong (d), responsable marketing de la société EHang, lors de la présentation du taxi-drone à Vienne le 4 avril 2019

Dans la course mondiale au taxi aérien urbain, le projet dispose d'une "large avance sur la concurrence", estime Robert Machtlinger, le PDG de FACC, une société livrant notamment Airbus, Boeing, Bombardier et Embraer.

"Techniquement parlant, il ne s'agit plus d'un rêve, mais d'une réalité. Nous avons déjà réalisé 7.000 heures de vol dont 2.000 habités", souligne-t-il.

- 'Ni hélicoptère, ni avion' -

EHang, qui effectue la majorité de ses tests en Chine, avait également fait voler un prototype en février 2017 à Dubaï lors d'un essai non-public.

Les constructeurs travaillant sur des projets de taxi volants -- parmi lesquels l'allemand Volocopter -- sont en contact avec les diverses autorités aériennes dont l'EASA européenne, pour obtenir un cadre légal d'opération.

Un journaliste dans le taxi-drone EHANG 216 lors d'une présentation à la presse à Vienne, le 4 avril 2019 [JOE KLAMAR / AFP]
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Un journaliste dans le taxi-drone EHANG 216 lors d'une présentation à la presse à Vienne, le 4 avril 2019

"Des projets de textes réglementaires existent déjà. Mais il ne s'agit ni d'un hélicoptère, ni d'un avion, il faut réussir à qualifier" ces appareils, souligne M. Machtlinger.

Les ministre des Transports autrichien Norbert Hofer, présent lors de la démonstration, a indiqué souhaiter que son pays figure parmi les "premiers" à voir des taxis-drones voler de façon régulière dans ses villes. Dubaï a également dit souhaiter figurer parmi les pionniers dans le domaine.

L'EHang 216 affiche une autonomie de vol de 30 minutes, une vitesse de pointe de 130 km/h et peut embarquer jusqu'à 260 kg. Sa charge de 17 kilowatts rend sa consommation utile "comparable à celle d'une voiture électrique en milieu urbain", selon M. Machtlinger.

La société autrichienne, qui affiche un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros, compte produire 300 exemplaires d'ici mi-2021, a-t-il précisé.

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