Turbulences en vue entre les Pays-Bas et la France: l'Etat néerlandais a annoncé mardi avoir réalisé un raid surprise au capital d'Air France-KLM afin de défendre ses intérêts, une opération qui intervient après des frictions sur l'avenir du patron de KLM.
"Le gouvernement néerlandais a acheté des actions pour avoir une participation directe de 12,68% dans Air France-KLM", a annoncé le ministre des Finances Wopke Hoekstra lors d'une conférence de presse à La Haye.
Cette acquisition surprise, réalisée à partir du 20 février, lui a coûté 680 millions d'euros, a-t-il précisé dans une lettre au Parlement.
"L'objectif est d'obtenir à terme une position équivalente à celle de l'Etat français", a-t-il ajouté. La France détient actuellement une participation de 14,3% dans le groupe.
Ni le ministère français de l'Economie ni Air France-KLM n'ont voulu commenter cette opération.
Cette décision intervient après de fortes tensions sur l'avenir du patron de KLM, Pieter Elbers, que le conseil d'administration du groupe Air France-KLM a finalement proposé de reconduire dans ses fonctions le 19 février.
Les dirigeants de la branche néerlandaise avaient manifesté début février leur inquiétude quant au non-renouvellement du mandat de leur patron en avril et averti que le personnel pourrait faire grève.
L'irruption de l'Etat néerlandais au capital de la compagnie fait également suite à une série de grèves chez Air France l'an dernier qui avait suscité l'inquiétude des Néerlandais sur la stabilité de la compagnie française.
"Avec cette acquisition, le gouvernement néerlandais veut pouvoir influencer directement le développement futur d'Air France-KLM afin d'assurer de la meilleure façon possible l'intérêt public néerlandais", a précisé M. Hoekstra.
"Il est devenu évident que les décisions importantes concernant la stratégie de KLM sont prises de plus en plus au niveau d'Air France-KLM", a souligné le ministre.
- Rôle crucial de Schiphol -
Air France et KLM ont fusionné en 2004 mais continuent à opérer de façon largement indépendante alors que la branche française a été secouée par des mouvements sociaux ces dernières années.
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Le patron d'Air France-KLM, Benjamin Smith, s'était rendu pour "d'intenses discussions" avec le gouvernement néerlandais mi février afin de trouver un accord sur l'avenir de KLM dans l'alliance, et sur le sort de M. Elbers.
Selon la presse néerlandaise, bien que confirmé à son poste, la position du patron de KLM était considérée comme "difficile" étant donné la volonté de M. Smith de rapprocher le fonctionnement des deux entités.
En outre, M. Smith va entrer au conseil de surveillance de KLM lors de la prochaine assemblée générale de la compagnie néerlandaise, ce qui avait été le point de départ de la polémique aux Pays-Bas.
Le ministre des Finances néerlandais avait évoqué avec son homologue français Bruno Le Maire les tensions au sein du groupe lors d'une récente réunion des ministres des Finances à Bruxelles.
L'avenir de KLM est directement lié à celui de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, l'une des grandes plateformes aériennes européennes et un site clé pour le développement économique des Pays-Bas.
"Une compagnie Air France-KLM solide avec un hub étendu à Schiphol est d'une grande importance pour les Pays-Bas", a dit Hoekstra dans sa lettre au Parlement.
Air France-KLM a annoncé mercredi dernier un bénéfice net de 409 millions d'euros en 2018, soit plus du double de l'année précédente (163 millions), disant faire preuve d'une "bonne résistance" malgré les grèves chez Air France et la hausse de la facture de carburant.
En Bourse, l'action Air France-KLM a bondi de 5,38% à 12,73 euros mardi dans un marché en légère hausse à Paris.