Les dirigeants européens se retrouvent jeudi à Bruxelles pour débattre de questions migratoires, de sécurité et de l'avenir de la zone euro, après avoir échoué la veille à débloquer les négociations du Brexit, à moins de six mois du divorce avec Londres.
Le face-à-face de la Première ministre britannique Theresa May jeudi soir avec ses 27 homologues s'est déroulé dans une bien meilleure atmosphère qu'il y a un mois à Salzbourg. Mais les deux parties n'ont pu faire qu'un constat de leurs divergences persistantes.
"Il n'y pas eu assez de progrès enregistrés" ces dernières semaines pour convoquer un nouveau sommet en novembre, comme cela avait été envisagé pour boucler les négociations, a expliqué une source européenne jeudi à l'issue d'un dîner à 27, auquel Mme May n'a pas pris part.
Avant qu'ils ne passent à table, la dirigeante britannique leur a livré pendant une quinzaine de minutes sa vision de l'état des négociations. "Je reste confiante", leur a-t-elle dit, selon son porte-parole.
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L'atmosphère a été "beaucoup plus détendue" qu'à Salzbourg, mais "je n'ai pas constaté de nouveautés majeures" dans les propositions du Royaume-Uni, a rapporté le président du Parlement européen Antonio Tajani, qui a assisté à l'intervention de la dirigeante britannique.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait pourtant appelé Mme May à faire preuve de "créativité" pour sortir de l'impasse autour du sort de la frontière entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, principale pomme de discorde.
"On a la volonté collective d'avancer mais nous n'y sommes pas encore", a déclaré le président français Emmanuel Macron.
- Transition post-Brexit -
Selon Antonio Tajani et une autre source ayant assisté à la prise de parole de Mme May, celle-ci s'est dite "ouverte" à l'idée d'une prolongation de la période de transition post-Brexit, dont il est actuellement prévu qu'elle dure jusqu'à fin décembre 2020.
Prolonger la période de transition, pendant laquelle le Royaume-Uni restera dans le marché unique, ne règlerait pas la question de la frontière irlandaise. Mais cela donnerait plus de temps pour négocier un accord commercial entre l'UE et le Royaume-Uni.
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Le but serait qu'un tel accord éloigne la perspective d'un recours au "filet de sécurité" ("backstop") demandé par l'UE pour éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande, afin de sauvegarder les Accords de paix de 1998.
Cette solution, rejetée en l'état par Londres, prévoit de maintenir l'Irlande du Nord dans l'union douanière et le marché unique, si aucune autre solution n'est trouvée.
Londres, de son côté, propose de rester aligné sur les règles douanières de l'Union jusqu'à la signature d'un accord de libre-échange plus large, afin d'éviter le contrôle de marchandises aux frontières.
Avec des négociations qui patinent et l'horloge qui tourne, le scénario d'une absence d'accord plane de plus en plus sur les discussions. Donald Tusk l'avait jugé "plus probable que jamais" dans son invitation au sommet adressée aux 27.
"Nous avons ce soir demandé à la Commission de travailler avec encore plus de vigueur sur le scénario du +no deal+. Ce n'est pas que nous nous attendons à ce que cela arrive, mais nous devons être préparés", a commenté le Premier ministre néerlandais Mark Rutte jeudi soir.
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Le Brexit ne sera pas au menu jeudi de la suite du sommet, qui doit reprendre à 9H30 (7H30 GMT) à Bruxelles.
Les dirigeants européens feront le point notamment sur leur politique migratoire, et sur la coopération qu'ils souhaitent renforcer avec les pays d'origine et de transit des migrants irréguliers.
Ils débattront également du renforcement de l'Agence européenne de gardes-frontières, dont plusieurs pays de l'UE situés aux frontières extérieures craignent qu'elle ne menace leur souveraineté en la matière.
Une discussion est également prévue sur la réforme toujours bloquée des règles européennes de l'asile. Mais aucun progrès n'est attendu dans ce dossier, toujours enlisé autour de la question d'une répartition de demandeurs d'asile dans l'UE.
"Il y a une prise de conscience croissante du fait qu'il n'y aura pas de quotas obligatoires", a estimé le chancelier autrichien Sebastian Kurz jeudi soir, soutenant sur ce point les pays de l'Est opposés à toute mesure de ce type.