Benjamin Netanyahou a affirmé lundi qu'Israël disposait de nouvelles «preuves concluantes» d'un plan secret que l'Iran pourrait activer à tout moment pour se doter de la bombe atomique, douze jours avant une échéance cruciale pour l'accord conclu en 2015 sur le nucléaire iranien.
En direct devant les télévisions israéliennes, le Premier ministre israélien a présenté à la manière théâtrale dans laquelle il excelle «les copies exactes» de dizaines de milliers de documents originaux iraniens obtenus il y a quelques semaines au prix d'une «formidable réussite dans le domaine du renseignement».
Ces documents contenus sur papier ou sur CD et servant de décor à la déclaration de Benjamin Netanyahou constituent des «preuves nouvelles et concluantes du programme d'armes nucléaires que l'Iran a dissimulé pendant des années aux yeux de la communauté internationale dans ses archives atomiques secrètes», a-t-il dit.
M. Netanyahou a essentiellement fourni des détails relatifs à un plan iranien ancien appelé Amad et pouvant être ranimé selon lui à la guise de Téhéran.
Mais, douze jours avant la date butoir fixée par le président Donald Trump pour décider de sortir ou non de l'accord international conclu il y a trois ans avec l'Iran, M. Netanyahou n'a pas fourni d'élément indiquant que la République islamique avait activement cherché depuis 2015 à se doter de la bombe atomique, même si Téhéran a menti sur ses activités passées.
«Pour ceux qui ont suivi le dossier nucléaire iranien, il n'y a rien de nouveau dans la présentation de Bibi», le surnom de M. Netanyahou, a tweeté Rob Malley, ancien conseiller du président Barack Obama, dont l'administration avait participé à l'accord de 2015.
«Mais le Premier ministre israélien n'a qu'un seul public : Trump, et malheureusement il n'arrivera probablement pas à la même conclusion», juge M. Malley.
«Nous savons depuis des années que l'Iran avait un programme secret d'armes nucléaires appelé le projet Amad. Nous pouvons à présent prouver que le projet Amad constituait un programme complet visant à concevoir, construire et tester des armes nucléaires», a dit M. Netanyahou.
«Nous pouvons aussi prouver que l'Iran stocke secrètement du matériel provenant du projet Amad pour s'en servir au moment de son choix et développer des armes nucléaires», a-t-il dit, à grand renfort de documents ou de cartes diffusés sur un écran.
«L'Iran a menti»
Ces documents montrent que, malgré les assurances des dirigeants iraniens affirmant n'avoir jamais cherché à avoir l'arme nucléaire, «l'Iran a menti, et sacrément !», a-t-il déclaré.
L'accord de 2015 «procure à l'Iran une voie dégagée vers un arsenal nucléaire» et n'aborde pas la question des activités balistiques de la République islamique, autre grande préoccupation d'Israël et de la communauté internationale, a-t-il dit, parlant d'un «accord terrible, qui n'aurait jamais dû être conclu».
Il a invoqué la décision prochaine de M. Trump. «Je suis sûr qu'il fera le bon choix, le bon choix pour les Etats-Unis, pour Israël et pour la paix mondiale».
Le président américain a promis par le passé de «déchirer» le texte signé en juillet 2015 par l'Iran et six grandes puissances après d'âpres négociations. Son conseiller à la Sécurité nationale, John Bolton, a déclaré dimanche que M. Trump n'avait pas encore tranché, ajoutant qu'il examinait la proposition de son homologue français sur l'ouverture de négociations pour un nouvel accord élargi.
Emmanuel Macron a proposé au président américain de préserver l'accord d'origine qui deviendrait le premier des «quatre piliers» d'un futur texte.
Les autres «piliers» concernent l'après-2025, quand certaines clauses sur les activités nucléaires auront expiré, mais aussi les missiles balistiques très controversés de Téhéran et son rôle jugé «déstabilisateur» dans la région.
Le président iranien Hassan Rohani a souligné dimanche que son pays n'accepterait «aucune restriction au-delà de ses engagements» actuels.
En vertu de l'accord de 2015, l'Iran a obtenu la levée temporaire d'une partie des sanctions internationales et étrangères - américaines notamment - visant son système économique et financier en échange d'une réduction de son programme nucléaire controversé destinée à prouver que la République islamique ne cherche pas à obtenir la bombe atomique.