Les États-Unis ont maintenu la pression mardi sur la Chine lors du G20 Finances de Buenos Aires, en assurant qu'ils ne craignaient pas une guerre commerciale, mais sans dévoiler si les alliés américains seraient exemptées des taxes de Donald Trump.
La guerre commerciale "n'est pas notre objectif, mais nous n'en avons pas peur", a assuré le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin au terme de la réunion des ministres des Finances du G20, où il a défendu l'entrée en vigueur vendredi des taxes américaines de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium.
M. Mnuchin s'est attaqué directement aux pratiques commerciales de la Chine: "Il y a un désir général au sein du G20 de voir la Chine ouvrir ses marchés de manière à ce que nous puissions y entrer comme ils le font chez nous, dans une relation commerciale beaucoup plus équilibrée et réciproque", a-t-il affirmé.
Il n'a fait aucune allusion à d'autres pays, notamment les alliés des Etats-Unis qui demandent à être exemptées de ces taxes comme c'est déjà le cas pour le Mexique et le Canada.
Les Européens ont profité des rencontres bilatérales avec M. Mnuchin pour lui rappeler qu'ils n'étaient pas responsables de la crise de l'acier, provoquée par les surcapacités du géant asiatique qui inondent le marché mondial de produits à bas prix.
Le secrétaire au Trésor n'a toutefois pas voulu se prononcer sur ces demandes d'exemptions. "Les discussions sont toujours en cours. Attendons que le président prenne rapidement sa décision", a-t-il déclaré.
Pour sa part, le ministre des Finances français Bruno Le Maire a exigé une exemption "sans condition". "Soyons clairs. Il ne peut pas y avoir de conditions (posées par les Etats-Unis à une exemption de la taxe sur l'acier et l'aluminium). Nous expliquons seulement à nos amis américains que la décision qu'ils veulent prendre n'est pas appropriée", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.
Avant les déclarations de M. Mnuchin, les ministres avaient laborieusement rédigé un communiqué pour exprimer leurs craintes que les "tensions économiques" actuelles ne plombent la croissance mondiale, des termes feutrés choisis pour ne froisser ni les États-Unis ni la Chine.
"Nous avons parlé des principaux risques pour les perspectives (de croissance), parmi eux les vulnérabilités qui pourraient être le fruit de resserrement plus rapide que prévu des conditions financières et de tensions économiques et géopolitiques", ont affirmé les grands argentiers du G20.
Le G20 Finances a rappelé que la solution passe par le multilatéralisme, mis à mal par l'incapacité de la communauté internationale à régler jusqu'à présent les problèmes de surcapacité d'acier ou pour empêcher les mesures unilatérales des Etats-Unis.
- Tensions fiscales -
Un autre sujet polémique a manifestement suscité moins de tension: la taxation des géants du numérique, ou Gafa. Cet acronyme désigne les quatre mastodontes américains du secteur (Google, Amazon, Facebook, Apple), dont les pratiques d'optimisation fiscale sont régulièrement pointées du doigt.
Dans leur communiqué, les ministres se sont engagé à "travailler ensemble pour chercher une solution consensuelle d'ici 2020" sur la taxation des géants du numérique. "Il s'agit d'un message positif. Il n'y a pas eu de choc lors de la réunion", a expliqué à l'AFP Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE, lors de la présentation du rapport.
Le commissaire européen Pierre Moscovici a fait un rapide aller-retour à Buenos Aires pour rassurer principalement les États-Unis lors d'une intervention mardi devant le G20 Finances, juste avant de prendre l'avion et de rentrer à Bruxelles pour présenter mercredi sa proposition de taxation des géants du numérique.
"Il ne s'agit en rien de mesures qui sont une riposte à une situation et il ne s'agit en rien d'une mesure anti-américaine", a-t-il affirmé.
M. Mnuchin avait prévenu vendredi que "les États-Unis s'opposeraient fermement aux propositions de quelque pays que ce soit de cibler les compagnies numériques".
Enfin, les ministres se sont aussi penchés sur le bitcoin et les autres monnaies virtuelles, à la demande de la France et l'Allemagne. Ils ont ainsi refusé de les considérer comme des monnaies souveraines et ont appelé à éviter qu'elles ne soient utilisées pour le blanchiment ou le financement du terrorisme.