Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson lors d'un face à face avec le ministre des affaires étrangères allemandes Sigmar Gabriel (pas sur la photo) à Washington, le 30 novembre 2017.
Rex Tillerson rencontre mardi à Bruxelles ses homologues de l'UE et de l'Otan pour afficher une détermination commune face aux missiles de la Corée du Nord, mais aussi tenter d'aplanir des divergences majeures entre l'administration Trump et les Européens.
A la mi-journée, le chef de la diplomatie américaine doit déjeuner avec ses homologues des 28 pays de l'Union européenne à l'invitation de la Haute représentante Federica Mogherini, avant de retrouver ses homologues de l'Alliance atlantique pour deux jours de consultations en commençant par les grands défis sécuritaires du moment: la Corée du Nord et la Russie.
"La tir la semaine dernière d'un missile balistique intercontinental a montré que toutes les nations alliées pouvaient être à la portée" de Pyongyang, a insisté lundi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.
"Nos partenaires dans la région sont en danger (...), donc le monde entier doit exercer une pression maximale sur la Corée du Nord afin d'arriver à une solution pacifiquement négociée", a estimé M. Stoltenberg, rappelant que les 29 pays de l'Otan "ont été clairs et constants dans leurs condamnations" de l'essai nucléaire du début septembre et des tirs de missiles par Pyongyang.
Si les Européens se sont toujours sentis à l'abri, ils ont affiché une fermeté sans faille en durcissant encore leurs sanctions économiques contre Pyongyang tout en appelant à régler pacifiquement cette crise.
- Partager le fardeau -
Mais au-delà de cette unité sacrée sur la Corée du Nord, de nombreux sujets divisent les partenaires de part et d'autre de l'Atlantique.
A commencer par la lutte contre le réchauffement climatique, après le retrait de l'accord de Paris décidé par Donald Trump. L'UE s'inquiète aussi de sa remise en cause d'accords commerciaux multilatéraux, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou encore de l'ONU.
Les attaques virulentes du président américain contre l'accord nucléaire avec l'Iran, qu'il a refusé de "certifier" en octobre, ont révélé un autre antagonisme profond avec les Européens, qui ont fait front commun pour le défendre.
"Préserver l'accord nucléaire avec l'Iran et sa mise en oeuvre dans tous ses aspects est une priorité sécuritaire essentielle pour l'Europe", a martelé Mme Mogherini il y a quelques jours.
Même l'Otan, organisation de coopération militaire transatlantique historiquement dominée par les Etats-Unis, a été critiquée par Donald Trump, qui ne cache pas son exaspération devant l'inégal "partage du fardeau" et réclame sans ménagement à ses Alliés européens et canadien qu'ils augmentent leurs budgets militaires.
- 'Rôle-clé' -
La tournée en Europe de Rex Tillerson débute après une séquence médiatique ayant une nouvelle fois illustré les tensions récurrentes de l'ancien PDG d'ExxonMobil avec Donald Trump.
Les médias américains ont rapporté la semaine dernière que la Maison Blanche entendait le remplacer prochainement par le directeur de la CIA Mike Pompeo à la tête du département d'Etat, voire le pousser à la démission.
Et il aura fallu plus de 24 heures au président Trump pour lui réaffirmer son soutien, a minima, tout en insistant sur leurs "divergences" de vues. "C'est moi qui ai le dernier mot", a martelé le milliardaire républicain sur Twitter.
Réagissant à ce qu'il a qualifié de "spéculations et rumeurs", M. Stoltenberg a appelé lundi à rester "concentré".
"Nous avons vu encore et encore que l'Otan et les ministres de l'Otan sont capables de se concentrer sur leurs tâches fondamentales et de faire le travail que nous devons faire malgré les spéculations et les rumeurs", a déclaré M. Stoltenberg devant la presse à Bruxelles.
"Et je suis absolument certain que cela sera le cas également maintenant", a-t-il ajouté: "On a besoin d'institutions fortes comme l'Otan, particulièrement quand on voit plus d'incertitudes, d'imprévisibilité, de menaces" dans le monde.
M. Stoltenberg a également tenu à saluer le "rôle-clé" joué par Rex Tillerson "pour envoyer une message de dissuasion, d'unité et de détermination de toute l'Alliance" face à la Corée du Nord, "mais aussi (un message) disant qu'il faut continuer à travailler à une solution pacifique".