Jean-Luc Mélenchon a affirmé mercredi à Lille que les Français allaient «cracher du sang» si l'un de ses trois principaux concurrents gagnait la présidentielle, dans un discours offensif, notamment contre Emmanuel Macron, et empreint de confiance en sa capacité à accéder au second tour.
«Si vous élisez ces trois-là, vous allez cracher du sang», a assuré le candidat de La France insoumise, galvanisé devant des milliers de personnes (25.000 selon son équipe), réunies à l'intérieur et à l'extérieur du Grand Palais. Parlant d'Emmanuel Macron, de François Fillon et de Marine Le Pen avec un «ils» général, il a longuement expliqué à ses partisans vouloir les "mettre en garde pour que vous compreniez la catastrophe qu'ils sont en train d'organiser".
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Au long de près de deux heures de discours, il est revenu sur de nombreux points de son programme, abordant pour une fois économie, social, fiscalité, environnement, santé, éducation, recherche dans un seul et même meeting. Une manière de démontrer que ce ne sont pas ses seuls talents de tribun qui attirent les foules. Jean-Luc Mélenchon, qui s'est invité selon les sondages dans le carré de tête au premier tour de l'élection présidentielle au point d'être éventuellement en mesure de se hisser en finale, a été ces derniers jours la cible d'une pluie d'attaques.
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Soucieux d'y répondre par l'humour, il cherché à démonter point par point toutes les critiques, et demandé à la salle de ne siffler ni ses rivaux, ni le Figaro qui a titré mercredi sur «Mélenchon, le délirant projet du Chavez français». «Pourquoi font-ils ça ? Pour faire peur, pour impressionner, pour que le bruit se répande qu'il y aurait une catastrophe à l'horizon», a estimé le candidat, ironisant sur «les chars de l'armée rouge», «l'hiver nucléaire» ou «la pluie de grenouilles» qui découleraient de son arrivée à l'Elysée selon ses détracteurs.
Leçon de politesse
Il a moqué l'éditorial du Figaro, selon lequel personne ne pouvait citer une mesure-phare de son projet. «Fondamentalement, ils vous prennent pour des imbéciles: vous croyez que vous êtes en train de lire, non, vous êtes en train de vous faire bourrer le crâne», a-t-il lancé. Il n'a en revanche pas répondu frontalement à François Hollande, qui a mis en garde contre le «péril» Mélenchon et l'attirance pour «le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte», dans des propos au Point rapportés mercredi.
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Renvoyant Emmanuel Macron et François Fillon à leurs bilans respectifs de ministre de l'Economie et de Premier ministre en matière de chômage, Jean-Luc Mélenchon a vivement pris à parti le patron du Medef, Pierre Gattaz. «Dire que voter pour moi, c'est ruine, désespoir, désolation, et pauvreté généralisée (...) lui aussi n'a pas lu le journal, parce que la ruine, le désespoir, la pauvreté généralisée: c'est en ce moment», s'est-il exclamé.
Mais il a réservé ses flèches les plus acérées à Emmanuel Macron, auquel il a donné une leçon de politesse. En meeting à Besançon la veille, le candidat d'en Marche! avait souligné qu'il était «encore au collège» quand Jean-Luc Mélenchon était déjà «sénateur socialiste». «La différence d'âge n'est pas un argument pour se mépriser», a répliqué le candidat de La France insoumise, enjoignant son concurrent à «être poli».
Mardi, il avait dénoncé «le virage à droite complètement inouï» d'Emmanuel Macron, jugeant qu'il «oriente sa campagne pour essayer de siphonner les voix de Fillon». Après s'être «assuré que nous ayons doublé Monsieur Fillon (...) je crois que c'est Monsieur Macron» qui deviendra l'objectif à dépasser, avait-il jugé. A Lille, il a rappelé de «l'aide» promise pour le second tour, citant Benoît Hamon (PS) et Philippe Poutou (NPA).