Le réchauffement climatique résultant des activités humaines est très largement responsable du recul des glaciers de montagne depuis le siècle dernier, affirment des scientifiques avec un degré de certitude sans précédent.
Se basant sur une nouvelle technique statistique, ils ont analysé 37 glaciers dans le monde et se disent "pratiquement certains" que leur régression résulte pour l'essentiel du changement climatique depuis le début du 20e siècle et très peu des variations météorologiques naturelles.
Leurs conclusions sont publiées lundi dans la revue britannique Nature Geoscience et ont fait l'objet d'une présentation le même jour à la conférence annuelle de l'American Geophysical Union (AGU) qui se tient cette semaine à San Francisco.
"Etant donné leur temps de réponse étalé sur des décennies, nous avons établi que les glaciers comptent en fait parmi les meilleurs signaux du changement climatique", relève Gerard Roe, professeur à la faculté des sciences de la Terre et de l'espace à l'université Washington (nord-ouest), l'un des principaux auteurs.
Les chercheurs ont sélectionné des glaciers pour lesquels on dispose d'observations sur de longues périodes, y compris sur la météorologie de la région environnante et qui sont situés dans cinq zones différentes du globe.
Ils ont aussi pris en compte "l'épaisseur de la glace, l'orientation du versant et l'emplacement des glaciers, différents facteurs qui affectent les fluctuations de leur longueur", explique Gerard Roe.
A l'aide d'outils statistiques, les scientifiques ont pu établir un ratio entre les effets du réchauffement climatique et ceux attribués aux variations météorologiques naturelles d'une année sur l'autre.
A partir de cela, les chercheurs ont pu calculer la probabilité de l'influence spécifique du réchauffement sur l'évolution de l'étendue des glaciers depuis le début du 20e siècle.
- Près de 100% de probabilité -
Ainsi, ils estiment qu'il y a quasiment 100% de probabilité que le réchauffement climatique soit responsable du recul de 2,8 kilomètres affiché, depuis 1880, par l'iconique glacier de l'Hintereisferner en Autriche.
Le résultat est presque identique pour le glacier Franz Josef en Nouvelle-Zélande, même s'il a regagné jusqu'à un kilomètre durant une décennie. L'étude note qu'il y a moins de 1% de probabilité que les variations naturelles de la météo puissent expliquer un retrait de 3,2 km depuis 130 ans.
La signature du réchauffement a été un peu moins marquée pour le recul du glacier Rabots dans le nord de la Suède et de celui de "South Cascade" dans l'Etat de Washington aux Etats-Unis. La probabilité que leur retrait résulte de variations climatiques naturelles est de 11% et 6% respectivement.
Ces résultats pointent la responsabilité du réchauffement climatique bien plus que ne l'a fait le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Le GIEC estime à seulement 66% la probabilité qu'une partie importante du recul des glaciers soit due au réchauffement de la planète résultant des activités humaines.
L'objectif des 196 pays signataires de l'Accord de Paris est de maintenir la progression des températures du globe à moins de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle pour éviter les pires effets du réchauffement.
Selon des estimations préliminaires la hausse serait déjà de 1,2°C.
L'étendue moyenne des glaces de l'océan Arctique, particulièrement sensible au réchauffement, a été de 6,4 millions de kilomètres carré en octobre, soit 28,5% de moins que la moyenne de 1981-2010 et la plus faible depuis le début des relevés satellitaires en 1979, selon le Centre national de la neige et de la glace américain.