Le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, qui avait piloté la douloureuse restructuration de la compagnie, a été remplacé mercredi par un duo chargé de mettre en œuvre un nouveau plan stratégique censé rétablir la confiance dans un groupe miné par les conflits sociaux.
"Les conseils d'administration d'Air France-KLM et d'Air France, réunis ce jour, ont décidé de faire évoluer la gouvernance du groupe", a annoncé le groupe franco-néerlandais dans un communiqué publié la veille de la présentation de ce plan stratégique.
Pour "resserrer la chaîne de décisions", la compagnie française passe sous le contrôle direct de Jean-Marc Janaillac, patron de la maison-mère et désormais également président d'Air France. Arrivé en juillet, il s'appuiera au quotidien sur un pur produit de du groupe, Franck Terner, nommé directeur général de la compagnie hexagonale.
M. Terner, 56 ans, a fait toute sa carrière chez Air France, où il est entré en 1988 en tant qu'ingénieur de production sur l'avion supersonique Concorde, gravissant les échelons jusqu'au poste de directeur général adjoint Engineering et Maintenance d'Air France-KLM, qu'il occupait depuis juillet 2013.
Les deux hommes remplacent le désormais ex-PDG d'Air France, Frédéric Gagey, devenu directeur financier d'Air France-KLM, dans un jeu de chaises musicales où il succède à Pierre-François Riolacci, lequel "avait annoncé il y a quelques mois son départ".
ci-dessus
M. Gagey, 60 ans, avait pris les commandes de l'entreprise en juillet 2013, à la suite d'Alexandre de Juniac, propulsé à la tête d'Air France-KLM.
Ensemble, ils avaient mis en oeuvre le plan de restructuration "Transform", qui s'était traduit par des milliers de suppressions de postes (5.500 chez Air France) mais avait contribué au redressement financier du groupe, revenu dans le vert en 2015 après sept années consécutives de pertes.
- Un plan pour sortir des conflits sociaux -
Mais ces résultats ont été obtenus au prix de tensions sociales exacerbées, en particulier avec les pilotes, qui avaient déclenché une grève de deux semaines en septembre 2014, la plus longue de l'histoire d'Air France, avec un coût estimé à 425 millions d'euros.
ci-dessus
Le conflit avait culminé en octobre 2015, avec l'affaire de la "chemise arrachée" de l'ex-DRH Xavier Broseta, malmené lors d'un comité d'entreprise et dont les images avaient fait le tour du monde.
Le président du Spaf (2e syndicat de pilotes d'Air France), Grégoire Aplincourt, a déclaré à l'AFP que M. Gagey et sa "méthode d'attaque frontale a prouvé ses limites après des années d'efforts", en référence aux dernières mesures du plan Transform, imposées en mai puis suspendues par M. Janaillac.
Quand au nouveau directeur général, Franck Terner, "s'il mène la même politique, ça ne change pas grand chose", a prévenu Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France.
Jean-Marc Janaillac a travaillé tout l'été sur son plan stratégique, "Trust Together", censé la fois "rétablir la confiance" en interne et "répondre aux interrogations stratégiques auxquelles l'entreprise est aujourd'hui confrontée".
Présenté mercredi aux administrateurs, ce plan doit être dévoilé jeudi. Hormis le changement de gouvernance, aucune information n'a filtré jusqu'ici sur son contenu.
Les nouveaux dirigeants sont évidemment attendus sur les épineuses négociations sociales avec les pilotes, dont la dernière grève remonte à juin, en plein Euro de football, mais aussi avec les hôtesses et stewards, qui ont eux fait grève en pleine saison estivale.
Le développement de l'activité low-cost, en particulier sur les vols long-courrier, fait également partie des sujets évoqués, alors que plusieurs compagnies se sont déjà lancées sur des liaisons transatlantiques.