La présidente de gauche du Brésil Dilma Rousseff s'est déclarée lundi "indignée" par l'approbation de sa procédure de destitution dimanche soir par la Chambre des députés, assurant n'avoir commis "aucun crime".
"J'ai reçu 54 millions de voix et je me sens indignée par cette décision, victime d'une profonde injustice", a lancé la chef de l'Etat, en préambule d'une conférence de presse à la présidence.
"Mais je ne me laisserai pas abattre, le combat ne fait que commencer. J'ai le courage, la force nécessaire pour affronter cette injustice", a ajouté l'impopulaire dirigeante de gauche se référant à la deuxième et dernière étape du processus de sa destitution qui va s'ouvrir bientôt au Sénat.
Les tours de passe-passe budgétaires qui lui sont reprochés "ont été pratiqués par tous les présidents avant moi et ont été considérés légaux. On me réserve un traitement qui n'a été réservé à personne", s'est insurgée Mme Rousseff, les traits tirés et visiblement éprouvée.
"Il ne pèse sur moi aucune accusation d'enrichissement illicite. Moi, je n'ai pas de comptes à l'étranger", a-t-elle souligné, se référant au président du Congrès des députés Eduardo Cunha, inculpé de corruption dans le scandale Petrobras, qui a tiré les ficelles de sa procédure de destitution depuis plusieurs mois.
La présidente de gauche a également pris pour cible son vice-président Michel Temer, du même parti centriste PMDB que M. Cunha, et qui brigue ouvertement son fauteuil. Il a déjà entamé des consultations pour former un gouvernement de transition.
"Il est très étrange et révélateur aussi de voir un vice-président en exercice conspirer ouvertement contre une présidente. Dans aucune démocratie au monde une personne qui ferait cela serait respectée", a-t-elle relevé.
Mme Rousseff a rappelé son passé d'ex-guérilléra marxiste torturée sous la dictature militaire pour souligner qu'elle poursuivait toujours le même combat "en faveur de la démocratie".
"Dans ma jeunesse j'ai affronté la dictature par conviction. J'affronte aujourd'hui dans ma maturité un coup d’État, pas un coup d’État traditionnel comme ceux de ma jeunesse mais un coup d’État avec l'apparence d'un processus légal", a-t-elle poursuivi.
"Aujourd’hui nous vivons dans une démocratie, on ne torture plus, on ne tue plus comme sous la dictature, mais d'une certaine forme mes rêves sont torturés", a dit Mme Rousseff.
Elle a par ailleurs indiqué qu'elle n'envisageait pas "maintenant" de proposer une réforme constitutionnelle pour convoquer des élections anticipées, en réponse à un journaliste.
"Ce que je ne peux accepter, c'est que cette procédure d'impeachment ne respecte pas la légalité. Toutes les autres possibilités peuvent et doivent être évaluées. Mais je ne l'envisage pas maintenant", a-t-elle déclaré.