Le procureur de Boulogne-sur-Mer a requis jeudi au minimum une amende de 1.000 euros pour "mise en danger de la vie d'autrui" contre le Britannique Robert Lawrie, poursuivi pour avoir tenté de transporter clandestinement une fillette afghane de la "Jungle" de Calais vers l'Angleterre.
"Si le tribunal ne retenait pas la première poursuite (pour aide au séjour illégal), il devrait retenir celle de mise en danger de la vie d'autrui", sanctionnée par une peine de 1.000 euros d'amende, a estimé le procureur, Jean-Pierre Valensi. "Parce que la fin ne justifie pas les moyens. Ce n'est pas parce qu'on veut aider une enfant qu'on peut l'aider en mettant sa vie en danger", a-t-il ajouté.
Robert Lawrie, 49 ans, ancien soldat devenu dirigeant d'une entreprise de nettoyage, avait commencé cet été à se rendre dans la "Jungle", désireux d'aider les migrants. Il y rencontre le père d'une petite Afghane. Selon le prévenu, le père lui a demandé d'emmener son enfant de quatre ans dans le nord de l'Angleterre, où celui-ci a de la famille.
ci-dessus
Le Britannique est arrêté par la police des frontières française fin octobre, les chiens de la police découvrant également deux Érythréens adultes à l'arrière de sa camionnette, cachés selon lui à son insu. Poursuivi pour aide au séjour irrégulier uniquement pour le cas de la jeune fille, le parquet ayant classé sans suite le transport des deux Érythréens, il risquait jusqu'à cinq ans de prison et une amende de 30.000 euros.
Mais le procureur de Boulogne-sur-Mer ne s'est pas prononcé lors de sa réquisition sur l'incrimination principale, celle d'aide au séjour illégal, laissant le tribunal apprécier de lui-même. Il a cependant estimé que Robert Lawrie avait "mis en danger" la fillette de 4 ans, qui voyageait cachée par des planches, juste derrière le siège du conducteur de la fourgonnette.
"Elle ne bénéficiait pas de ceinture de sécurité, pas de rehausseur et ne bénéficiait pas de protection suffisante, en cas d'accident elle aurait été un boulet de canon qui (se serait) écrasé contre le pare-brise, j'estime que sa vie était en danger", a déclaré le procureur. A ce moment, la salle a exprimé sa désapprobation.
ci-dessus
L'avocate du Britannique, Lucile Abassade, a pour sa part plaidé la relaxe totale de son client, estimant qu'il n'avait "voulu que aider des gens. C'est quelqu'un de bien. Il n'avait pas l'intention de contourner la loi et il ne compte pas le refaire". Le jugement a été mis en délibéré, sans qu'on sache tout de suite quand il serait rendu.