«Merkel dehors !» : au milieu d'une marée de drapeaux allemands, l'extrême droite allemande a tenté samedi de tirer profit à Cologne de l'émoi suscité par les violences dans cette ville rhénane, le tout dans une atmosphère très tendue.
«L'Allemagne a survécu à la guerre, à la peste et au choléra, mais survivra-t-elle à (Angela) Merkel ?», clame une pancarte au milieu de la foule de partisans du mouvement Pegida des «Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident», rassemblée sur la place principale de Cologne, non loin de la gare et de la cathédrale.
Elle finira par être dispersée par la police peu avant 17h à grands coups de canons à eau et de gaz lacrymogène.
C'est à Cologne que la nuit de la Saint-Sylvestre des vols et des agressions sexuelles d'une ampleur jamais vue dans l'Allemagne contemporaine ont été perpétrés par des hommes en bandes. Ces violences auraient entre autres impliqué des réfugiés, à un moment où l'Allemagne, sous l'impulsion de la politique d'accueil de la chancelière allemande, a connu en 2015 l'afflux de plus d'un million de demandeurs d'asile.
«Merkel est devenue un danger pour notre pays, Merkel doit partir», lance un représentant de Pegida au mégaphone.
Pour une femme se présentant comme Christiane, mère de quatre enfants, «les femmes qui ont été victimes (des agressions) vont devoir vivre avec cela pendant longtemps». «Je me sens dépouillée de ma liberté. (...) Madame Merkel, madame (Henriette) Reker (la maire de Cologne, ndlr), vous êtes des femmes ! Où est votre solidarité ?», a-t-elle ajouté.
La branche régionale de Pegida, mouvement xénophobe né à l'automne 2014 à Dresde, dans l'est de l'Allemagne, a revendiqué sur sa page Facebook 3.000 participants, tandis que la police a dénombré 1.700 manifestants dont la moitié de hooligans prêts à en découdre. Quatre personnes ont été légèrement blessées et des slogans anti-police ont été scandés durant cette manifestation.
Au bout de trois heures de rassemblement, les forces de l'ordre, cibles de jets de bouteilles et de pétards, ont finalement fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour forcer tout le monde à partir, après quelques affrontements sporadiques.
«Nazis dehors»
Séparés par quelque 2.000 policiers et sous la ronde d'un hélicoptère, environ 1.300 contre-manifestants étaient venus s'opposer aux idées de Pegida au cri de «Nazis dehors !» et avec des pancartes sur lesquelles il était écrit que «le fascisme n'est pas une opinion, c'est un crime».
«Nous sommes ici pour les faire taire. Il est inacceptable que Pegida exploite l'horrible violence sexuelle perpétrée ici le Jour de l'An et répande ses conneries racistes», a déclaré Emily Michels, 28 ans, armée d'un mégaphone.
Quelques réfugiés irakiens et syriens étaient aussi venus gonfler les rangs de cette contre-manifestation, avec la gérante de leur foyer, Dana Khamis.
«Je leur ai raconté que la manifestation était à propos des droits des femmes, contre le sexisme et contre le fascisme et ils m'ont dit qu'ils voulaient absolument participer», a expliqué cette femme de 27 ans née en Jordanie.
Avant cela, des centaines de personnes décidées à défendre les droits des femmes s'étaient rassemblées sur les marches de la célèbre cathédrale de Cologne, à grands coups de sifflets et de concert de casseroles.
«Nous voulons de nouveau nous sentir en sécurité. (...) Je suis ici pour toutes les mères, les filles, les petites-filles, les grands-mères, qui veulent se déplacer en toute sécurité», a expliqué Martina Schumeckers, une musicienne de 57 ans, organisatrice du rassemblement.
«Non à la violence contre les femmes, que ce soit à Cologne, à la fête de la bière ou dans la chambre à coucher», pouvait-on lire sur une pancarte.