Incarné par Jeremy Strong dans le film «The Apprentice», au cinéma ce mercredi, Roy Cohn était un avocat de Manhattan connu aux États-Unis pour avoir été le mentor de Donald Trump, après leur rencontre à New York en 1973. Voici tout ce qu’il faut savoir à son propos.
Un faiseur de rois. Désormais en salle, le film «The Apprentice» d’Ali Abbasi voit Jeremy Strong incarner Roy Cohn, l’avocat conservateur qui va prendre Donald Trump (Sebastian Stan) sous son aile après leur rencontre dans un club privé de New York, en 1973. Cet extrait exclusif (en tête d'article) dévoile la relation particulière qui unissait les deux hommes, Roy Cohn faisant le choix d’investir son temps et son argent pour aider un jeune Donald Trump dans sa course vers le pouvoir en mettant à sa disposition, notamment, son réseau d’influence colossal.
L'avocat du Diable
Révélé aux yeux du grand public, aux États-Unis, pour avoir été l'un des associés du sénateur du Wisconsin Joseph McCarthy dans la «chasse aux sorcières» contre des «sympathisants communistes» présumés dans les années 1950, Roy Cohn a été surnommé «l’avocat du diable» par ses contemporains en raison de ses méthodes brutales. Ce maître de la négociation était le fils d’Al Cohn, un homme qui a fréquenté les responsables de la Favor Bank et qui l’aideront à devenir juge du Bronx, puis à le faire entrer à la cour suprême de l’État de New York en 1937.
«Quand il était dans la même pièce que vous, vous aviez l’impression d’être en présence du mal incarné, du mal absolu», se souvient l’avocat Victor A. Kovner dans les colonnes de Vanity Fair. Diplômé de la faculté de Columbia à 20 ans, Roy Cohn était un prodige du droit. Ses connaissances, alliées à son réseau d’influence très varié – allant d’hommes politiques de haut rang à des mafieux en tout genre – en ont fait un avocat redoutable qui n’avait pas l’habitude de s’embarrasser avec les conventions, ni même la loi. Il était réputé commé étant un individu sans scrupules, aussi éloquent qu’opportuniste, et un menteur pathologique, prêt à tout pour arriver à ses fins. Ce qui était souvent le cas.
Sa rencontre avec Donald Trump a eu lieu en 1973, dans un club privé de New York où le fils de Fred Trump, promoteur immobilier œuvrant principalement dans le Queens et à Brooklyn, venait de devenir le plus jeune membre à l'époque. L’entreprise de son père étant accusée de pratiquer une discrimination à l’égard des noirs et des personnes issues des minorités, Donald Trump était allé demander conseil à ce brillant avocat dont la réputation n’était plus à faire. «Dites-leur d’aller se faire foutre !», lui aurait répondu Roy Cohn.
La règle de toute une vie
Dans le film «The Apprentice», Roy Cohn confie à Donald Trump les trois règles à suivre pour réussir dans la vie : ne jamais se rendre ; toujours contre-attaquer ; et crier victoire, peu importe les circonstances. Ce fêtard invétéré, qui aimait s’entourer des plus belles femmes malgré son attirance pour les hommes, va alors devenir un pilier dans la vie du jeune homme de 27 ans. Il commença par devenir l’avocat de la famille Trump, leur permettant de mettre un terme à cette affaire de discrimination, en obtenant un compromis après avoir menacé de réclamer 100 millions de dollars au ministère de la justice pour diffamation.
Roy Cohn devenait alors incontournable dans la vie de Donald Trump, au point que celui-ci ne cessera de lui demander conseils au moment où il ambitionnait de métamorphoser Manhattan en lançant des projets immobiliers ambitieux, rendus possibles grâce aux faveurs fiscales négociées par son avocat. Celui-ci aimait dire qu’il ne demandait jamais à être payé, mais exigeait en retour une loyauté sans faille à ses associés.
La paire formée par Roy Cohn et Donald Trump était irrésistible dans le milieu new yorkais, et l’avocat sera une nouvelle fois aux premières loges, au début des années 1980, quand son protégé décidera de partir à la conquête d’Atlantic City pour se lancer dans l'aventure des casinos, faisant jouer son réseau d’influence sans limite pour permettre à Donald Tump de se consacrer pleinement sa nouvelle passion.
Emporté par le sida
C’est à peu près au moment que Roy Cohn présentera Roger Stone à Donald Trump, le stratège politique républicain qui aimait se définir comme un «agent provocateur» et qui fut un des proches de Richard Nixon. La relation de l’avocat avec son disciple changera du tout au tout quand une rumeur annoncera que Roy Cohn serait atteint du Sida. Affaibli par ce qu’il présenta en public comme un «cancer du foie», son état empirera rapidement. Une santé fragile qui le transformera, aussi bien physiquement que mentalement. Ce qui n’aura pas vraiment été du goût de Donald Trump.
«Quand Donald a appris que Roy était malade, il l’a laissé tomber comme une vieille chaussette», explique la secrétaire personnelle de l’avocat, Susan Bell, à Vanity Fair. Une affirmation démentie par l’ancien président américain. Roy Cohn décédera en août 1986, effectivement du sida.
Au cours d’une de leur dernière entrevue, Donald Trump offrira à son ami une paire de boutons de manchette incrusté de diamants pour ses bons et loyaux services. Des diamants qui se révèleront être, après expertise, des «fugazi», à savoir des faux, selon les journalistes du New York Times, Jonathan Mahler et Matt Flegenheimer.