La maison de luxe Louis Vuitton se retrouve dans la controverse à cause d’un chemisier inspiré des tenues traditionnelles roumaines. L’association «La blouse romaine» a crié au scandale et la marque a présenté des excuses à l'Etat roumain.
Il n'y a qu'un pas entre l'appréciation et l'appropriation culturelle. La maison Louis Vuitton (groupe LVMH) fait polémique avec sa blouse «Marginime», jugée trop similaire aux vêtements traditionnels roumains. Le vêtement de la collection estivale n'a pas plu aux artisans locaux.
Parue en mai dernier cette pièce, issue de la collection «LV by The Pool», a même suscité l'indignation en Roumanie, notamment dans le village de Vaideeni. Les dernières couturières traditionnelles du village s'insurgent contre ce modèle qu'elles considèrent comme une copie de leur savoir-faire.
Dear Louis Vuitton creative and marketing team,
Please give credit and respect to the communities of Transylvania, Oltenia and Muntenia in Romania who have preserved their identity and cultural heritage through the unique traditional costume, testimony of their passing through… pic.twitter.com/N6XFZBxq13— La blouse roumaine (@blouse_roumaine) June 6, 2024
Interrogées par l'AFP, les habitantes du village, qui ne connaissaient pas la maison de couture française avant cette collection, ne cachent pas leur colère face à cette inspiration non citée : «Je n'accepte pas qu'on vole notre costume», explique Maria Gioanca, l'une des vingt dernières couturières du village. Ioana Staniloiu, quant à elle, juge la démarche de Louis Vuitton «très mauvaise» et s'interroge : «Pourquoi ridiculiser notre mode ?».
Une affaire politique de grande ampleur
Cette affaire d'appropriation culturelle a rapidement dépassé les frontières du petit village. L'Association «La blouse roumaine» ayant lancé une campagne «Give Credit» pour défendre la culture roumaine et dénoncer l'inspiration excessive des maisons de couture dans les tenues traditionnelles roumaines, comme l'ont déjà fait Isabel Marant ou Tory Burch.
Dans un long communiqué, l'association a appelé plusieurs institutions à se mobiliser pour «protéger les vêtements traditionnels, dans le contexte de l'appropriation par Louis Vuitton des jupes et chemises traditionnelles de nos régions».
L'association a ainsi demandé à Louis Vuitton de retirer de sa collection plage 2024 les vêtements qui reprennent tout ou partie de la coupe et des éléments décoratifs de la jupe et de la chemise traditionnelles roumaines. Cette demande visait à obtenir la reconnaissance de l'origine du design et un accord avec les communautés locales.
Soucieuse d'éteindre la polémique, Louis Vuitton a présenté ses excuses à l'État roumain pour «l'erreur». La maison de haute couture a en outre retiré la chemise de son site internet, même si deux autres vêtements très ressemblants y figuraient encore.
Cependant, quarante des soixante exemplaires fabriqués de la blouse de la discorde ont déjà été vendus pour plusieurs milliers d'euros, tandis que les artisans roumains réalisent leurs pièces sur un mois, en suivant les traditions de conception. Des pièces uniques vendues entre 300 et 400 euros.
Ce n'est pas la première fois que Louis Vuitton se retrouve avec des accusations d'appropriation culturelle. La maison se serait largement inspirée des couvertures Bosotho des indigènes sud-africains en 2017, du foulard palestinien keffieh en 2021 ou encore des motifs traditionnels mexicains 2019.