Film choc à l'atmosphère claustrophobique, «Longlegs», en salle ce mercredi 10 juillet, se place comme le thriller de l'été. Dans cette quête de vérité face à un tueur en série insaisissable, le réalisateur Oz Perkins propose une œuvre patchwork, où une technicité flamboyante peine à élever une intrigue qui se craquelle sous le poids de ses ambitions.
L'été sera chaud ? Plutôt glacial avec la sortie de «Longlegs» dans les salles obscures. Dans ce thriller cryptique, une jeune recrue du FBI, Lee Harker (Maïka Monroe, scream queen aperçue dans «It Follows» et «Une obsession venue d'ailleurs»), est chargée de retrouver un tueur en série implacable et insaisissable.
Contrairement à nombre de films du genre, «Longlegs» s'intéresse moins à son intrigue qu'à son atmosphère, largement le point fort de l'œuvre. En véritable esthète, le réalisateur Osgood «Oz» Perkins (fils de l'acteur Anthony Perkins, l'inoubliable Norman Bates de «Psychose») multiplie les choix audacieux, à l'image des flash-back qui parsèment le film, tournés avec un format d'image plus étriqué.
Entre «Get Out» et «Le Silence des agneaux»
Difficile également de ne pas penser aux premiers longs-métrages de Jordan Peele, notamment «Us» et «Get Out», en voyant «Longlegs», tant leur mécanique sont similaires : un concept fort, une ambiance malsaine et une pointe de surnaturelle afin de perturber les repères du spectateur. Et ce n'est pas une coïncidence, puisque les deux cinéastes sont de très proches collaborateurs : Oz Perkins a joué dans «Nope», la dernière création en date de Jordan Peele. Ce dernier est d'ailleurs cité dans le générique de fin, une évidence tant son influence semble omniprésente à chaque séquence.
En cela, «Longlegs» rentre parfaitement dans cette nouvelle (nouvelle) vague du cinéma de genre américain, que l'on pourrait composer de ces deux artistes, mais également de Chloé Okuno (également citée dans le générique, autrice du très bon «Watcher») ou encore le duo Dan Berk et Robert Olsen («Une obsession venue d'ailleurs», déjà avec Maïka Monroe). Des cinéastes conscients des conflictualités contemporaines (rapport femmes-hommes, racisme, xénophobie) dans des longs-métrages patchwork, en s'appropriant des films références pour y trouver leur propre atmosphère.
Ne pas bouder son plaisir
Toutefois, tous ont, à des échelles différentes, les mêmes suffisances de cinéma. En l'occurrence, pour «Longlegs», son incapacité à tenir sur sa courte longueur ses ambitions au plus haut. Ainsi, après une première heure éreintante d'angoisse et de mystère, dont l'imagerie cauchemardesque devrait hanter les nuits des spectateurs, la conclusion semble tomber à plat. Et ce qui serait une fin honorable pour un film d'horreur classique devient ici une véritable frustration.
Un sentiment d'autant plus cruel que ce thriller haletant avait toutes les cartes en main pour devenir une référence du cinéma de genre américain. Mais son récit trop explicatif et sa volonté de démystifier la moindre parcelle d'inconnue l'empêchent de virer au cauchemar désabusé. Le ton parfaitement nihiliste du film, marquant dans la première partie, n'arrive pas à trouver un écho suffisamment puissant dans son final.
On ne saurait toutefois que recommander «Longlegs» pour le choc admirable qu'il aura tenté de construire. Celui d'une enquête qui sonde les psychés à la manière d'un «Silence des agneaux», tout en poussant le curseur du glauque à son maximum. Et d'y voir Nicolas Cage, acteur tout aussi insaisissable que son personnage au physique dérangeant, y réaliser une performance crue, toute en logorrhées.