«Love Lies Bleeding», une histoire d’amour teintée de violence entre Lou (Kristen Stewart), gérante désabusée d’un club de gym, et Jackie (Katy O’Brian), une ambitieuse culturiste, arrive dans les salles françaises ce 12 juin. Voici ce qu’on en pense.
Leur union fait la force. Kristen Stewart, la star qu’on ne présente plus des films «Panic Room», «Twillight», ou encore «Sils Maria», aujourd'hui résolument tournée vers le ciné indé et aussi réalisatrice de «The Chronologie of Water» (qui sortira en 2025), et Katy O’Brian, actrice spécialiste des arts martiaux à l’impressionnante musculature vue dans «Mandalorian» et «Ant-Man et la Guêpe : Quantumania», sont les têtes d’affiche de «Love Lies Bleeding», un film du genre «inclassable» qui arrive ce 12 juin en salle et qui, prévenons-le dès à présent, est à réserver à un public averti.
Dans ce long-métrage de Rose Glass (réalisateur du film d’horreur «Saint Maud», sorti en 2019) les deux actrices incarnent deux femmes qui vivent une histoire d’amour passionnée, laquelle va les entrainer dans une spirale de violence.
«Thelma et Louise», «Bound», «Drive», «Sailor et Lula»… Les influences sont nombreuses, mais «Love Lies Bleeding» et son esthétique «pulp» laissera, c’est sûr, sa propre flaque de sang indélébile au rayon des oeuvres de dézingage un peu zinzin.
Une histoire d’amour pas glamour
Dans ce film, Lou (Kristen Stewart avec un look t-shirt sale façon Shane dans la série culte lesbienne «The L World»), gérante d'une salle de sport où elle passe ses journées littéralement les mains dans la crotte (à déboucher des toilettes, un moindre mal à la vue de ce qui l’attend…), tombe éperdument amoureuse de Jackie (Katy O’Brian), une culturiste sans-le-sou débarquée un jour de nulle part, pour soulever de la fonte dans cette ville du désert du Nouveau-Mexique qui sert de décor à la «Breaking Bad» au long-métrage.
La mystérieuse au sourire angélique et au corps de Rambo (comme lui fait remarquer un des rednecks autochtones) dort dans la rue (où le danger semble guetter de partout) et se montre prête à tout pour gagner le championnat de bodybuilding qui a lieu dans quelques jours à Las Vegas, même à se faire payer l’entrée de la salle de gym contre une relation sexuelle sur un parking.
Entre Lou (qui ignore tout de cet échange tarifé) et elle, l’attirance est immédiate. Pour faire plaisir à la créature qui vient subitement d’égayer son morne quotidien, Lou décide de lui faire un cadeau inestimable : des fioles de stéroïdes. Dès la première injection (dans les fesses pour passer tout de suite à ce qui va occuper une bonne partie du film) la musculation de Jackie se met en branle. Au fil du temps la substance la met de plus en plus sur les nerfs, et bientôt chaque émotion forte fait saillir ses veines façon Hulk.
Hulk voit rouge
Ça paraissait déjà un peu compromis pour les dimanches tranquilles en famille autour du poulet-frites, mais c’était sans compter sur les congénères de Lou, disons-le sans trop déflorer l'intrigue, plutôt spéciaux. Le FBI suspecte d’ailleurs quelque chose de louche et enquête sur le père, Lou Sr (Ed Harris), directeur d'un club de tir et magouilleur passionné d'insectes - personnage lynchien que Lou déteste du plus profond de son être pour des raisons qu’on laissera les spectateurs découvrir, une aversion qu’elle éprouve également pour son beau-frère (Dave Franco), qu’elle rêve lui de voir mort parce qu’il cogne sa soeur.
Quand cette dernière se retrouve un soir défigurée à l’hôpital, Jackie, chahutée de plus en plus par les stéroïdes, entre dans une rage folle…
De la musculation, du sexe, du sang et quelques décilitres d'autres fluides (à la mode, en témoigne «The Substance» de Coralie Fargeat, prix du scénario à Cannes cette année)… A l'instar d'une Julia Ducournau («Titane»), la réalisatrice Rose Glass joue résolument la carte du brutal, et de la liberté, s’affranchissant des genres, sautant de la romance au drame psychologique en passant par l’horreur, et la fantaisie psychédélique...
D'une durée efficace de seulement 1h30 (ça devient trop rare), son «Love Lies Bleeding» sous anabolisants s’avère dans le fond (avec en sous texte une bataille sanglante contre le patriarcat et la masculinité toxique), comme dans la forme, extrêmement plaisant, avec quelques jolis coups plastiques réussis et une esthétique sonore et visuelle délicieusement eighties, pour les amateurs de curiosités cinématographiques et d’un humour noir que ne renieraient pas les frères Coen.