Plus de quarante ans après «American Gigolo», Richard Gere retrouve Paul Schrader pour «Oh, Canada», un film présenté ce vendredi en compétition au Festival de Cannes avec aussi Uma Thurman et Jacob Elordi. L'acteur de «Pretty Woman», qui a perdu son père avant le tournage, évoque une expérience cathartique.
Présenté ce vendredi en compétition à Cannes, le nouveau film de Paul Schrader embarque un casting de rêve : l’actrice de «Pulp Fiction» Uma Thurman, que l’on n’avait plus aperçue sur un grand écran depuis «The House That Jack Built», le long métrage de Lars Von Trier présenté Hors Compétition en 2018, le nouveau chouchou d’Hollywood Jacob Elordi («Euphoria) et la star de «Pretty Woman» que les moins de vingt ans ne connaissent peut-être pas, Richard Gere.
«Oh, Canada», marque la nouvelle collaboration entre l’acteur et le cinéaste, plus de quarante ans après «American Gigolo». «Avec Paul, cela fait 45 ans que nous travaillons ensemble. Nous sommes dans une autre étape de notre vie et sommes capables d'utiliser ce que nous avons appris. Paul a probablement 80 ans et moi 74 ans – nous avons une certaine perspective sur les choses à ce stade. Je savais donc que ce serait intéressant pour nous», a expliqué Richard Gere dans une interview pour The Hollywood Reporter avant d’évoquer la perte de son père juste avant le début du tournage.
«Mon père est décédé il y a environ un an, environ six mois avant le début du tournage, et il avait un mois avant 101 ans. J'ai beaucoup utilisé lui et ma relation avec lui, et ce dont j'ai été témoin en lui, dans son esprit et dans son corps. C'est une clarté incroyable, puis une désorientation. Mon père vivait avec moi. Avoir votre père dans un fauteuil roulant et s'occuper des toilettes et faire face à la désorientation et à la dérive parfois - même s'il était drôle, joyeux et très impliqué dans la conversation quotidienne jusqu'à la fin - pour moi, c'était cathartique de l'amener dans ce processus».
Passage de témoin générationnel
«Oh, Canada» est basé sur le livre «Foregone», de Russell Banks, dont le roman «Affliction» avait déjà été adapté par Paul Schrader en 1997, Richard Gere y joue un documentariste célèbre qui, aux prises avec une maladie en phase terminale, décide de raconter la vérité sur sa vie dans un documentaire pendant que sa femme Emma (Uma Thurman), écoute dans les coulisses. L'histoire revient sur ses jeunes années (avec une version du personnage incarnée par Jacob Elordi) alors qu’il se lance dans sa carrière de documentariste et se rend au Canada pour éviter d’être enrôlé au Vietnam, mais aussi pour fuir d’autres responsabilités… «L'histoire traite de la moralité, de la mortalité et de l'héritage», fait savoir THR.
«Tout le monde a des secrets, même si nous pensons être ouverts. À un certain âge, on a en quelque sorte envie de boucler la boucle et de se montrer honnête, surtout avec les gens dont on est proche. Je pense certainement que nous pourrions tous comprendre cela. J'ai aimé le fait qu'il avait besoin de faire ça, d'avoir une caméra sur lui pour dire la vérité, ce qui est un thème dont on parle beaucoup dans le film», a déclaré Richard Gere a propos de son personnage.
À la question de savoir s’il avait échangé avec Jacob Elordi au sujet de comment l’aborder, Richard Gere a fait savoir que non. «Franchement, il voulait juste me regarder et comprendre ce que je faisais parce que cela l'informerait de ce qu'il allait devoir faire dans les flashbacks. On pouvait aussi regarder mes premiers films, quand j'avais à peu près le même âge, juste pour me voir jeune homme jouant des personnages dans des films. Nous n'avons pas fait grand-chose ensemble, mais il est génial dans ce domaine. Il y a eu un plan où nous étions dans le même plan, mais c'est presque invisible : j'entre dans le plan et il en sort. Mais je l’ai trouvé merveilleux dans le film, et j’ai été ravi quand j’ai vu le film et vu ce qu’il faisait.»