Alors que le coup d’envoi du Festival de Cannes en pleine vague #MeToo a été magistralement donné mardi soir par un magnifique plateau 100% féminin, Judith Godrèche, nouvelle figure de proue de la lutte contre les violences sexuelles, présente ce mercredi «Moi aussi» en Sélection Un Certain Regard. Un court-métrage tourné avec un millier de victimes qui ont témoigné auprès d’elles d’agressions sexuelles.
Ce mardi soir, en ouverture du 77e Festival de Cannes, la formidable maîtresse de cérémonie Camille Cottin a livré un discours puissant, reconnaissant le contexte fort actuel de #MeToo en France. Dans son monologue imaginant l'expérience des festivaliers dans «le monde parallèle» de Cannes, elle a déclaré sous les applaudissements : «Je précise que les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d'hôtel des messieurs tout puissants ne font plus partie des us et coutumes du Vortex cannois. Suite à l'adoption de la loi #MeToo. Et on s'en félicite».
Rendez-vous très attendu dans ce contexte, ce mercredi Judith Godrèche, figure de proue du mouvement #MeToo en France depuis ses révélations sur Benoît Jacquot et Jacques Doillon et ses poignantes, fortes et justes, prises de parole aux César ou encore au Sénat, présente un court-métrage, «Moi Aussi», en ouverture de la Sélection un Certain Regard. Au travers de ce film de dix-sept minutes, l’actrice et réalisatrice entend embrasser la cause de toutes les personnes abusées. Une promesse qu’elle a faite à tous ceux et celles qui sont venus lui confier leur propres expériences de violences sexuelles.
«J’ai reçu 5.000 témoignages de femmes et d’hommes qui me racontaient leurs agressions passées, a-t-elle expliqué au Parisien. Ma manière de réagir quand quelque chose m’émeut c’est de créer. Sur le fond j’avais une responsabilité vis-à-vis de ces témoignages.» «Ce qui est intéressant c’est d’incarner le sentiment de marginalité des personnes abusées, explique-t-elle toujours pour Le Parisien. L’idée avec ce film à Cannes, c’est de remettre ces femmes et ces hommes abusés au cœur du plus grand festival de cinéma au monde. Sans être prétentieuse, j’ai le désir de les représenter, sans rien m’approprier».
«Je recueille des témoignages qui sont à 90% des histoires d'inceste, a précisé Judith Gdrèche dans une interview. La tristesse de la réalité c'est ça : la société, ce n'est pas que le cinéma» a souligné l’actrice plus déterminée que jamais déterminée à faire avancer la cause des victimes de violences sexuelles.
Ce mois-ci, l’Assemblée nationale a approuvé la création d’une commission d’enquête sur les « abus et violences » dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité, donnant corps à une demande de celle qui représente aujourd’hui d’un immense espoir pour toutes les victimes dans le cinéma et bien au-delà. Son film «Moi Aussi» sera disponible le 25 mai sur Culture Box et France.tv.