L'artiste américain Richard Serra, figure majeure de l'art contemporain avec des œuvres monumentales constituées de plaques d'acier rouillé, est mort mardi à 85 ans.
Figure majeure de l'art contemporain, l'Américain Richard Serra est mort ce mardi à 85 ans, selon le New York Times. Il s'est éteint chez lui dans l'État de New York des suites d'une pneumonie, selon le quotidien américain.
Exposé dans les grands musées américains au désert du Qatar, Richard Serra a livré des œuvres massives, arrondies, à l'aspect pourtant minimaliste, poussant la réflexion sur l'espace et l'environnement.
Né à San Francisco d'une mère d'origine juive russe et d'un père espagnol, il se forme à Paris puis s'installe dans les années 1960 dans un New York en plein bouillonnement artistique. À la fin de cette décennie, il publie un manifeste puis révèle une œuvre fondatrice, «One ton prop (House of cards)», quatre plaques de plomb de 122x122 cm, maintenues en équilibre par leur propre poids, à la manière d'un château de cartes.
Il passe ensuite à de grandes plaques d'acier brun-orangé, comme rouillées, exposées à New York, Washington, Bilbao, ou encore Paris. Richard Serra privilégie les installations en plein air et l'acier Corten. Le choix du matériau n'a rien d'arbitraire. Il en connaît parfaitement les caractéristiques et les potentialités pour avoir travaillé dans une aciérie tous les étés depuis ses 16 ans.
Les jeux d'équilibre, le poids de l'acier et la hauteur des plaques créent, pour le spectateur invité à circuler entre celles-ci, un sentiment d'insécurité, de petitesse ou de vertige.
Une expérience déstabilisante, voire dérangeante
En 1981, son œuvre «Tilted Arc», gigantesque plaque de métal de 3,6 m de haut sur 36,6 m de long, installée en travers de la Federal Plaza de New York, gêna tellement les riverains qu'elle a dû être démontée au bout de huit ans, à la suite d'une longue bataille judiciaire.
So many of today’s arguments over art, architecture and the public realm are just continuations of the debate over Tilted Arc. Few artists can claim just lasting influence https://t.co/ZsKXF5RY54
— Louis Anthony Loftus (@louisafloftus) March 27, 2024
En 2014, il plante même de sombres tours dans le sable du Qatar, si loin qu'il faut un 4x4 et une bonne carte pour s'y rendre, à 70 km de la capitale, Doha.
Pour lui, la forme de l'œuvre est déterminée par la matière et le lieu de son exposition, dont elle modifie la perception. Dans la nef du Grand Palais à Paris, il installe en 2008 pour l'exposition «Monumenta» de gigantesques plaques anguleuses à l'inclinaison inquiétante. Au musée Guggenheim de Bilbao, ce sont huit œuvres tout en courbes et spirales ocre qui enveloppent le visiteur.
«Quand on voit mes pièces, on ne retient pas un objet. On retient une expérience, un passage. Faire l'expérience d'une de mes pièces, c'est éprouver une notion du temps, du lieu et y réagir. Ce n'est pas se souvenir d'un objet parce qu'il n'y a pas d'objet à retenir», expliquait-il en 2004.