La sortie du film «CE2» de Jacques Doillon, réalisateur visé par une plainte de l’actrice Judith Godrèche pour violences sexuelles sur mineure, ne sera finalement pas maintenue au 27 mars.
La production du film «CE2» de Jacques Doillon, cinéaste mis en cause par plusieurs actrices dont Judith Godrèche pour des violences sexuelles, a annoncé mardi que sa sortie en salles était «reportée» jusqu'à nouvel ordre.
«Nous nous sommes trompés. Il ne nous semble aujourd’hui ni possible, ni souhaitable de maintenir cette date de sortie», estime désormais Bruno Pésery de la société de production Arena Films, dans un entretien au Film Français, alors qu'il avait annoncé à l’AFP il y a quelques jours ne pas vouloir décaler la sortie du film. «Le moment n'est plus le bon, mais une sortie dans les salles ne saurait être remise en cause», précise-t-il, arguant qu’«un film n'est pas le fait d'un auteur unique, mais bien une œuvre collective. Tout ne peut pas disparaître du fait de la mise en cause du réalisateur.»
Film avec Nora Hamzawi et Alexis Manenti au casting, «CE2» - qui suit une élève de CE2 harcelée par deux camarades de classe dont la mère ne mesure pas tout de suite la gravité de la situation - devait à l’origine sortir en salles le 27 mars.
Mi-février, la production du film avait annoncé maintenir cette date, malgré le dépôt de plainte de l’actrice Judith Godrèche à l’encontre du réalisateur Jacques Doillon, car il n'était pas possible d'adapter une sortie «à un calendrier judiciaire». La production avait alors appelé à ne pas interpréter cette décision comme «l'expression d'une surdité ou d'une indifférence à l'égard des accusations portées à l'encontre» du cinéaste.
A l’affiche de «CE2», la comédienne Nora Hamzawi s'était alors elle-même opposée publiquement au maintien de la sortie du film en salles : «Je ne soutiens pas cette décision qui d'après moi représente un mépris vis-à-vis de la parole des femmes», avait-elle commenté. «Ce qui se passe dans le milieu du cinéma, et qui je l'espère s'étend à d'autres milieux, est essentiel et important. C'est la chose à soutenir en priorité aujourd'hui», avait-elle ajouté.
Le réalisateur mis en cause par plusieurs actrices
Jacques Doillon, 79 ans, est mis en cause, au côté du réalisateur Benoît Jacquot, 77 ans, dans une enquête pour «viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité», à la suite d'une plainte de Judith Godrèche. L'actrice avait tourné avec lui dans «La fille de 15 ans», sorti en 1989. Elle l'a accusé publiquement de l'avoir «pelotée» et embrassée sur ce tournage.
Alors qu’une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris concernant les accusations portées par Judith Godrèche, Isild Le Besco a annoncé qu'elle envisageait de porter plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, accusant ce dernier de l'avoir privée d'un rôle dans un film quand elle avait 17 ans, «à partir du moment où (elle a) refusé ses avances». Anna Mouglalis a de son côté publiquement accusé Jacques Doillon de l'avoir «embrassée de force».
Le réalisateur de «Rodin», «Ponette» ou «Le petit criminel» a contesté la version d’Isild Le Besco et qualifié de «grotesque» l'accusation d'Anna Mouglalis. Plus généralement, le réalisateur se dit innocent, et s'est défendu publiquement début février, incriminant des «dénonciations arbitraires, (des) fausses accusations et (des) mensonges», et disant se tenir à la disposition de la justice.