Centré essentiellement sur un pan de la vie de la star du reggae à la fin des années 1970, le biopic «Bob Marley : One Love», sort ce mercredi. Le long-métrage de Reinaldo Marcus Green («La méthode Williams») dépeint l’homme et sa philosophie derrière l’artiste, campé à l’écran par Kingsley Ben-Adir.
Un artiste, un homme, un message. Au cinéma ce mercredi 14 février, «Bob Marley : One Love», du réalisateur Reinaldo Marcus Green, revient à l’écran sur la vie de la star mondiale du reggae, décédée en 1981 des suites d'un cancer, à seulement 36 ans.
Mais plutôt que de dérouler le fil d’un biopic chronologique dans ce long-métrage infusé des tubes mémorables de Bob Marley, le réalisateur de «La méthode Williams» fait le choix de se concentrer sur une période bien précise du parcours de l'artiste, laquelle se situe dans les années 1970. Un parti pris intéressant qui inscrit le message et le combat du chanteur pour la paix à un tournant de son histoire.
Deux ans dans la vie de Bob Marley
Point de départ de ce biopic, en décembre 1976, Bob Marley doit se produire sur scène à l'occasion d'un grand concert «Smile Jamaica», organisé par le Premier ministre jamaïcain de l’époque, le socialiste Michael Manley, pour rassembler la nation à une période où la Jamaïque est en proie à des violences extrêmes alors que deux partis politiques s'opposent.
En coulisses, la tension est à son comble. Bob Marley entend se produire mais entre les risques encourus et la récupération politique, bien que l'artiste s'en défende, le clan Marley s'interroge. Pour sa sécurité et celle de sa famille, Bob doit-il ou non monter sur scène avec les Wailers ?
Dès lors, la tentative d'assassinat perpétrée à l'encontre Bob Marley chez lui, deux jours avant le concert auquel il ne renonce pas, son exil en Angleterre trois mois plus tard, le message pacifique qu’a voulu adresser l'artiste à travers sa musique, ainsi que son retour en Jamaïque en 1978, après deux années passées loin de son pays à l'occasion d'un grand concert pour la paix, le One Love Peace Concert, sont au centre de ce biopic.
Kingsley Ben-Adir tout en nuances
L'occasion pour le réalisateur Reinaldo Marcus Green de raconter l'homme derrière l'artiste, impeccablement interprété par l'acteur britannique Kingsley Ben-Adir, et de revenir sur la vision qu'avait Bob Marley de son art. «On ne peut pas séparer la musique et le message», lance ainsi le comédien qui, sans jamais parodier l'artiste, restitue son charisme, sa luminosité , tout autant que ses doutes et ses failles. À l'écran, on suit notamment le processus de création de l'album «Exodus» en 1977 lors de son exil britannique, la vie de Bob et des Wailers au quotidien, en studio, en tournée, mais aussi un aspect plus privé de la vie de l'artiste.
A commencer par le rôle de son épouse Rita, présentée comme un véritable pilier, l'annonce de son cancer de la peau en pleine tournée européenne ou encore son désir chevillé au corps de faire changer le monde. C'est aussi le portrait d'un homme aux profondes convictions spirituelles, fervent défenseur de la culture et religion rastafari, que dépeint largement le réalisateur.
Un sujet déjà dense, ponctué de nombreux flashbacks, qui, par petites touches, racontent en arrière-plan les moments clefs de sa vie - son enfance, l'abandon paternel, la rencontre avec son épouse campée par l'excellente Lashana Lynch, la toute première audition du groupe pour Jamaican Records ou encore sa découverte du mouvement rastafari - auxquels s'ajoutent les récurrentes visions oniriques que le réalisateur prête à Bob Marley. Mais à trop en faire, «Bob Marley : One Love» s'éparpille malheureusement, malgré la réjouissante bande-originale toujours mise en lumière avec à propos, l'excellente performance des acteurs et un portrait intime de l'homme et de l'artiste, rendu possible grâce à la collaboration de sa famille.