Attendu au cinéma ce mercredi, «Dumb Money» s’inspire de l’histoire incroyable du youtubeur et analyste financier américain Keith Gill, alias Roaring Kitty, qui a donné des sueurs froides à Wall Street.
C’est grâce à son fils qui vivait chez lui pendant le confinement que le réalisateur Craig Gillespie s’est intéressé à l’affaire GameStop, laquelle ne se résume pas, selon lui, «à une histoire de boursicotage». Le cinéaste australien qui a signé «Moi, Tonya» et «Cruella», a décidé d’en faire un film, «Dumb Money», qui sort dans les salles françaises ce mercredi 29 novembre.
Il a donc choisi de mettre en scène cette histoire d’investisseurs amateurs qui ont transformé une chaîne de magasins de vente de jeux vidéo en véritable phénomène de Wall Street en 2021. Pour ce faire, ils ont fait le pari fou de suivre Keith Gill. Connu sous les pseudonymes Roaring Kitty sur YouTube et DeepFuckingValue sur le forum Reddit, ce dernier a anticipé l’envolée boursière de GameStop.
Un héros malgré lui
«Les gens avaient besoin d’un exutoire, ils cherchaient un moyen de se faire entendre, et un porte-parole – et ce porte-parole s’est incarné en la personne improbable de ce Youtubeur occasionnel et utilisateur de Reddit. Il ne cherchait pas à prendre la tête d’une révolution et il ne manifestait ni colère, ni attitude menaçante. Ce héros malgré lui, qui était d’une grande humilité, était sincèrement convaincu, avant toute chose, que GameStop était sous-évalué», explique Craig Gillespie.
Soutenu par sa femme, ce nerd et analyste financier, incarné à l’écran par Paul Dano, a investi toutes ses économies, soit 53.000 dollars, dans les actions de GameStop qui était pourtant au bord de la faillite. Installé dans le sous-sol de sa maison et arborant bandana et tee-shirt de chat, il fait part de sa démarche sur les réseaux sociaux, convaincant des milliers d’internautes de faire de même.
Résultat : la valeur de l’action s’est envolée en janvier 2021, terrassant ainsi plusieurs fonds spéculatifs et investisseurs institutionnels qui perdent des milliards de dollars, eux qui avaient au contraire parié sur une action à la baisse. Les petits porteurs se sont rués notamment sur l’application de courtage RobinHood et sont devenus de véritables «loups de Wall Street». Ils ont investi massivement dans d’autres compagnies à la santé financière chancelante, comme les cinémas AMC ou la chaîne de magasins Bed, Bath & Beyond.
La contre-attaque s’est néanmoins mise en place rapidement et les as de la finance ont repris la main sur le marché, après de grosses pertes, des sueurs froides et au forceps. Alors que les actions de tous ces groupes avaient soudainement bondi avant d'abandonner une grande partie de leurs gains dans les semaines suivantes, les acteurs clés de cette fièvre spéculative ont été entendus par la Commission des services financiers de la Chambre des représentants. Parmi eux, Keith Gill. Un récit à la David contre Goliath qui s’inspire de l’ouvrage «The Antisocial Network», de Ben Mezrich.