En direct
A suivre

Hayao Miyazaki : voici 15 choses que vous ignoriez sur le maître de l'animation

L'homme de 82 ans s'apprête à dévoiler en France son 12e long-métrage, «Le garçon et le héron». [© Frazer Harrison / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Considéré comme le Walt Disney du Japon, Hayao Miyazaki, dont le nouveau film «Le garçon et le héron» sort ce mercredi, a enchanté plusieurs générations avec son univers poétique et magique peuplé d'attachants personnages. Voici 15 anecdotes pour en savoir plus sur le maître.

Il a tourné un clip pour un groupe de rock

Au milieu de la production de «Princesse Mononoké» en 1995, Hayao Miyazaki avait écrit et réalisé un clip vidéo d'animation pour la chanson du duo de rock japonais Chage et Aska, «On Your Mark». Ce projet s’inscrivait dans le cadre du Ghibli Experimental Theatre. Le clip vidéo de sept minutes se déroule dans un monde de science-fiction à la «Blade Runner».

Il ne connaît pas la fin de ses films avant de les mettre en boîte

Aussi précise soit sa réalisation, le cinéaste japonais n'aime pas écrire un scénario avant de commencer à faire un nouveau film. Il passe directement à l’étape du storyboarding et n’attend pas de l’avoir terminé pour commencer à mettre les images en boîte. «On ne sait jamais où va aller l'histoire, mais on continue juste à travailler sur le film au fur et à mesure qu'il se développe. C'est une manière dangereuse de faire un film d'animation et j'aimerais que ce soit différent, mais malheureusement, c'est comme ça que je travaille et tout le monde est en quelque sorte obligé de s'y soumettre», avait-il expliqué.

le nom du studio ghibli fait echo a sa passion

Hayao Miyazaki a trouvé le nom de l'emblématique Studio Ghibli qu’il a fondé en 1985 avec le réalisateur Isao Takahata («Le tombeau des Lucioles»), décédé en 2018. «Ghibli» viendrait du mot italien désignant un vent chaud venant du Sahara, mais c'est aussi le nom d'un avion militaire italien de la Seconde Guerre mondiale. Pas étonnant quand on sait combien Hayao Miyazaki est obsédé par l’aéronautique. D’ailleurs tous ses films ou presque présentent à un moment donné des objets volants (de l’avion à l’animal en passant par des îles entières). Sa passion pour l’aviation remonte à l'enfance. Son père était ingénieur à Miyazaki Airplane, une société appartenant à son oncle qui était un grand fabricant de pièces pour les avions utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, plus exactement les avions de chasse modèle A6M Zero, utilisés par les kamikazes de l'armée japonaise. Des souvenirs qui imprègnent notamment son dernier long-métrage, «Le vent se lève» (2013).

Une minute de film tous les mois

«Nous dessinons toujours tout à la main, mais il nous faut plus de temps pour terminer un film car nous dessinons plus de décors», avait expliqué le producteur Toshio Suzuki interviewé en 2020 sur la réalisation du film «How do You live ?» («Comment vivez-vous ?»), pour lequel Hayao Miyazaki est sorti de sa retraite et dont la sortie est prévue le 14 juillet 2023. «Il y a davantage de dessins qu'auparavant, avait poursuivi le producteur. Par exemple, nous n'avions que huit animateurs sur Totoro, que nous avons réalisé en huit mois. Pour le film actuel sur lequel travaille Hayao Miyasaki, nous avons 60 animateurs, mais nous ne pouvons proposer qu'une minute d'animation par mois. Cela signifie 12 minutes par an. En fait, nous travaillons sur ce film depuis trois ans, donc nous sommes à 36 minutes de film (en 2020, ndlr). Nous espérons que nous arriverons à le terminer au cours des trois prochaines années», avait-il ajouté. Une explication qui démontre combien les films d’Hayao Miyazaki sont les fruits d’un travail de très longue haleine.

Contrairement à son fils Goro, le maître ne transige pas : le recours aux ordinateurs est banni. «J'adore dessiner au crayon. J'adore le papier. J'adore la peinture, les pinceaux. Que voulez-vous… Quand je pense que, d'ici à deux ans, Kodak cessera complètement la production de pellicule pour films, je me dis que c'est un bloc d'histoire qui se termine», avait-il confié en 2014 à Libération.

DES RELATIONS COMPLIQUÉES AVEC SON FILS 

Devenu cinéaste après avoir dirigé le musée Ghibli, le fils d’Hayao Miyazai, Goro, n’a pas été épargné par le caractère très exigent de son père. Hayao Miyazaki ne s'est d'ailleurs pas privé de critiquer publiquement les réalisations de son garçon. Il ne porterait pas du tout dans son cœur le film «Les contes de Terremer» qui comporte... une séquence de parricide.

Sa mère était malade comme dans un de ses films

Pour «Mon voisin Totoro», le réalisateur Hayao Miyazaki se serait inspiré de son expérience personnelle. En effet, sa mère avait été hospitalisée pour un cas grave de tuberculose. Selon le livre «Miyazaki : Master of Japanese Animation», elle avait été alitée de 1947 à 1955. Après ces années à l’hôpital, elle avait continué d’être soignée chez elle. Dans ‘Mon Voisin Totoro», la mère de Satsuki et Mei souffre d'une maladie similaire, qui la laisse hospitalisée tout au long du film.

Il a voulu être créateur de mangas

«J'ai voulu devenir créateur de mangas après avoir lu les albums d'Ozamu Tezuka. Je ressens encore aujourd'hui les nausées que j'avais en me mesurant à cette montagne, au pied de laquelle je disparaissais… Moi, dans ma jeunesse, j'aspirais à devenir mangaka, et c'est tout. Au départ, donc, le cinéma était une discipline un peu lointaine et bizarre pour moi», avait-il confié à Libération à l’occasion de la sortie du «Vent se lève».

militant de gauche à la toei

Au début des années 1960, Hayao Miyazaki était animateur à la Toei, où il est un jour nommé secrétaire en chef du syndicat des Travailleurs. «J’aspire toujours au fond de moi à une société plus juste, et je reste influencé par l’idéal communiste formulé par Marx, même si je n’ai bien sûr aucune affinité avec les expériences de socialisme réel menées dans l’ex-URSS ou ailleurs», avait-il dit en 2014 à Libération.

C’est par ailleurs dans les fameux studios d'animation japonais de la Toei qu’il a fait la connaissance de plusieurs futurs collaborateurs : le réalisateur Isao Takahata, le chef-animateur Yasuo Otsuka, mais aussi l'animatrice Akemi Ota, qui deviendra sa femme en 1965.

un FAROUCHE GARDIEN DU FINAL CUT

Lors de l'introduction de leurs films à l'extérieur, les artistes du studio Ghibli ne transigent pas avec les desiderata des marchés étrangers. Hors de question de procéder à des modifications de leurs œuvres. Ils exigent en outre que les traductions soient les plus proches possibles des propos d’origine. Quand le producteur (aujourd’hui déchu) Harvey Weinstein, à la tête de Miramax, et qui avait distribué «Princesse Mononoké» avait réclamé des coupes, la réponse qui lui avait été apportée avait été… tranchante, a légende racontant qu’il avait reçu un katana avec le message «pas de coupures».

IL CUISINE POUR SES EQUIPES

Pendant le tournage du «Voyage de Chihiro», Miyazaki et son équipe de production travaillaient de longues journées et tard dans la nuit pour respecter la date de sortie du film. Pour remonter le moral des troupes, tous les soirs, à 23 heures, une partie du personnel se chargeait de préparer le repas. Une coutume à laquelle Miyazaki s'est pliée en se mettant lui-même aux fourneaux pour préparer une recette de Ramen, comprenant des nouilles instantanées, des œufs et des légumes frais.

IL N’ÉTAIT PAS VENU CHERCHER SON OSCAR POUR CHIHIRO

Lorsque son film «Le Voyage de Chihiro» avait remporté l'Oscar du meilleur long métrage d'animation en 2003, Hayao Miyazaki avait refusé d'assister à la cérémonie à Hollywood, envoyant son ami Steve Alpert - qui a aidé à faire connaître le studio Ghibli en dehors des frontières japonaises - recevoir le prix en son nom. Il avait ensuite déclaré au LA Times qu'il «ne voulait pas visiter un pays qui bombardait l'Irak». Un boycott pas surprenant quand on connaît les idéaux pacifistes véhiculés dans ses films. Le film avait remporté cet Oscar, et marqué l’histoire en étant le tout premier film d’animation à recevoir cette récompense.

Le cinéaste légendaire n'a mis les pieds aux États-Unis qu'en 2009, lorsqu'il s'est rendu au Comic-Con de San Diego à la demande de son ami John Lasseter, le réalisateur des films Pixar Toys Story, et Cars.

Il a par la suite reçu un Oscar d’honneur en 2014, des mains de John Lasseter justement.

«Le Tombeau des Lucioles», bon à montrer aussi aux enfants

Interviewé au sujet des films ayant pour thèmes des sujets graves comme la guerre, le réalisateur assure qu'il est bon de les montrer aux enfants. «Même dans le cas d'un film aussi tragique que le 'Tombeau des Lucioles' [film extrêmement poignant de son collègue Isao Takahata, cofondateur de Ghibli, ndlr], je pense qu'il faut le montrer aux enfants», avait-il dit à Libération. «Ce que j'ai appris, et qui est au fond le plus important, c'est qu'il faut toujours montrer aux enfants que c'est une très bonne chose, pour qu'ils fassent partie de ce monde, qu'ils soient parmi nous. Il ne faut (cependant) jamais introduire auprès d'eux la moindre notion de désespoir. Même dans le cas d'un film aussi tragique que le 'Tombeau des Lucioles' : oui, les petits personnages du film vont mourir, mais ils auront auparavant fait de leur mieux, et c'est cela qui compte», avait-il ajouté.

UNE CHENILLE PORTE LE NOM D’UN DE SES PERSONNAGES

En 2007, un groupe de zoologistes russes a découvert une nouvelle espèce de chenille dans un parc national au Vietnam. En raison de sa forme, les chercheurs l'ont nommé Eoperipatus totoro d'après le Chat-bus dans «Mon voisin Totoro» de Miyazaki.

Il est d’une grande humilité

«Je ne me suis jamais défini comme réalisateur ou cinéaste. Il existe des milliers et des milliers de films d’animation au Japon, et les nôtres ne sont qu’une goutte d’eau dans cet océan. Je ne sais pas ce que les autres pensent de moi ou comment ils me définissent», avait-il dit en 2014 à Libération.

Il se représente en cochon

Les humains et les porcs sont étroitement liés dans l'esprit de Hayao Miyazaki. John Lasseter a déclaré que «Miyazaki se dessinait toujours comme un cochon», rapporte Turner Classic Movies. Lasseter pense que Porco Rosso est «une sorte d'autoportrait» pour le réalisateur. Le cochon aurait, plus généralement, sa prédilection pour représenter l’humain. «Le comportement des cochons est très similaire au comportement humain. J'aime beaucoup les cochons dans l'âme, pour leurs forces comme pour leurs faiblesses. Nous ressemblons à des cochons, avec nos ventres ronds. Ils sont proches de nous», avait-il expliqué à Midnight Eye.

Mais malgré le penchant de l'animateur pour les cochons, il ne les utilise généralement pas pour démontrer quelque chose de positif à propos de ses personnages. Dans «Le Voyage de Chihiro», les parents de l’héroïne sont transformés en cochons à cause de leur gourmandise. Miyazaki a écrit la scène pour faire la lumière sur la façon dont «les Japonais mangent de nos jours. Je pense que c'est très moche», comme il l’avait déclaré à la BBC.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités