Les obsèques de Jean-Pierre Elkabbach, décédé ce mardi à l’âge de 86 ans, se sont tenues ce vendredi à Paris. De nombreuses personnalités, bouleversées par la disparition du grand intervieweur politique, étaient présentes.
Dernier adieu à une grande figure du PAF. La tristesse se lisait sur tous les visages ce vendredi, dans un cimetière du Montparnasse (XIVe) baigné de lumière où, à 16h, ont commencé les funérailles de Jean-Pierre Elkabbach, décédé ce mardi à 86 ans.
La cérémonie religieuse s'est déroulée sous l'égide du grand rabbin de France Haïm Korsia. Le cercueil a été recouvert de l'écharpe que le journaliste avait l'habitude de porter, une photo de lui, souriant, apposée tout près. Au premier rang bien sûr figuraient son épouse, l'écrivaine Nicole Avril ainsi que sa fille unique, Emmanuelle Bach, qui a salué la mémoire d'un père «souvent absent» qui «a tout sacrifié pour son métier». «Notre relation est unique. Souvent absent, lui qui a tout sacrifié pour son métier, aura mis du temps à laisser s’épanouir notre amour. Une fois sa pudeur maladive domptée, il est devenu un père omniprésent, attentif, généreux, drôle, aimant, encourageant (…) il était mon meilleur ami, mon confident», a ajouté en larmes l'actrice.
Une foule de personnalités
Beaucoup de personnalités politiques étaient également présentes, comme l'ancien président François Hollande, le ministre de l'Education Gabriel Attal, Arnaud Montebourg, Xavier Bertrand, Sébastien Lecornu, ou encore Brigitte Macron, l'épouse du président Emmanuel Macron, qui s'est quant à lui exprimé dans un long communiqué de l'Elysée, et qui se rendra lundi à une cérémonie organisée à France Télévision.
On y trouvait même André Vallini, qui n'est donc pas rancunier : Jean-Pierre Elkabbach n'avait pas ménagé le secrétaire d’État chargé de la Réforme territoriale, lors d’une fameuse interview en 2014, où il s'était vu demander «Quelle couleur vous préférez pour le mur ?». «Pour le mur ? Quel mur ?», avait-il rétorqué, interloqué. «Comment quel mur ? Le mur sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser», avait malicieusement répliqué le regretté journaliste, réputé pour ses répliques cinglantes.
Parmi les autres personnes en présence pour accompagner Jean-Pierre Elkabbach dans sa dernière demeure, François Baroin, qu'il avait lui-même formé en tant que journaliste au service politique d'Europe 1, ainsi que son ami et ancien collègue Alain Duhamel, qui a prononcé un touchant discours en saluant les différentes facettes de l'homme, le patron, l'intellectuel, en tous les cas «le meilleur intervieweur», un homme «pugnace», et «audacieux», «détesté par certains, adulé par d'autres», mais appelé quoiqu'il en soit à «devenir un mythe incomparable» au sein de toutes les rédactions.
D'autres pairs, tels que Pascal Praud, Léa Salamé, Patrick Cohen et Sonia Mabrouk ont notamment fait le déplacement. Tout comme des personnalités venues de la télevision, à l'instar de Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, et l'animateur Michel Drucker, mais aussi du monde du spectacle, comme le chanteur Enrico Macias.
Michel Drucker est présent aux obsèques de Jean-Pierre Elkabbach ce vendredi : «C'est quelqu'un d'important qui vient de partir», dans #PunchlineWE pic.twitter.com/VNDYkMHnbo
— CNEWS (@CNEWS) October 6, 2023
«Je l’ai connu comme copain en 1968... On voulait tous faire la révolution», s'est souvenu, très ému, Michel Drucker au micro de CNews. «C’est une référence absolue», a-t-il dit à propos de son ami avec qui il a conversé jusqu'aux derniers jours. «On s’est beaucoup parlé. On était hospitalisé au même moment», a-t-il ajouté, avant d'honorer une dernière fois la mémoire du journaliste : «Il y aura un avant et un après. C’était un très très grand.»
«Monstre sacré»
Vétéran du journalisme politique et également ancien patron d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach est décédé mardi à 86 ans, suscitant une pluie d'hommages. Emmanuel Macron a notamment salué un «monstre sacré du journalisme français», disparu «à la veille du 65e anniversaire de notre cinquième République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates».
L’ancien président François Hollande a loué une «pugnacité qu'aucun interlocuteur ne pouvait épuiser», tandis que Nicolas Sarkozy a déclaré : «Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération. J'en fais partie, pour avoir tant espéré, alors jeune élu, d'être son invité au micro d'Europe 1 jusqu'à ce qu'il me donne ma chance».
Le leader communiste Fabien Roussel s'est, lui, remémoré ses «échanges mythiques avec Georges Marchais», allusion à une interview avec le secrétaire général du PCF en 1980, sur la chaîne Antenne 2.
Jean-Pierre Elkabbach avait entamé sa carrière dans les années 1960. Il restera pendant 35 ans à la radio avant de prendre la présidence des chaînes France 2 et France 3 dans les années 1990. Il prendra ensuite notamment la présidence de Public Sénat (2000-2009), et la direction d’Europe 1 (2005 à 2008). A partir de 2017, il terminera sa carrière à CNews et Europe 1.
Dernière volonté exaucée
En 2022, il avait lui-même évoqué ses problèmes de santé et confié sa volonté de s’éteindre avant son épouse, l’écrivaine Nicole Avril. «Elle m'a redonné goût à la vie, m'a encouragé à faire mes exercices de respiration, m'a aidé à remarcher», disait-alors en 2022 dans les pages de Gala, après avoir été opéré pour un sarcome et avoir passé dix jours en soins intensifs.
Et d'ajouter, en évoquant sa mort, son souhait ultime : «Je souhaite partir le premier pour que Nicole soit le dernier visage, le dernier sourire, le dernier regard de ma vie. Rien ne presse.»