Quatre ans après «Anna», Luc Besson, qui a connu de nombreux déboires judiciaires et artistiques, revient au cinéma avec «DogMan». En salles ce mercredi, ce thriller narre le destin tragique d’un marginal aussi flippant que le Joker de Todd Phillips.
En lice pour le Lion d’or à la 80e Mostra de Venise, sélection qui avait fait débat, «DogMan» marque le retour de Luc Besson au cinéma, après les échecs commerciaux de certains de ses films comme «Valérian et la cité des mille planètes» et les accusations de viol à son encontre, rejetées en juin dernier par la Cour de cassation.
Avec ce thriller psychologique qui sort ce mercredi, le réalisateur français revient à ses premières amours, en s’intéressant à des laissés-pour-compte qui ont soif de revanche, à l’instar de «Nikita» ou «Léon». Travesti en femme, le visage ensanglanté, Douglas (Caleb Landry Jones) est arrêté en pleine nuit au volant d’une camionnette dans laquelle il transporte des dizaines de chiens. Au poste de police, l’homme va commencer à raconter sa vie à une psychiatre (Jojo T. Gibbs), revenant notamment sur son enfance difficile qu’il passa en grande partie enfermé dans une cage avec ses chiens. La conséquence d’un père violent et colérique, et d’un grand frère qui le détestait.
Caleb Landry Jones totalement habité par le rôle
Sortie de cet enfer, cette âme tourmentée qui se déplace désormais en fauteuil roulant à cause d'une balle perdue, voue un culte sans borne à ses canidés, lesquels sont à ses yeux bien plus importants que les humains. Avec sa meute, ce marginal prend la défense des opprimés et tente, non sans violence, de corriger les injustices de notre société contemporaine. Tapi dans l’ombre, celui qui prend parfois des allures de sociopathe, vole les riches pour aider les plus pauvres.
En cela, le personnage de Douglas ressemble au Joker incarné par Joaquin Phoenix dans le film noir de Todd Phillips. Magistralement interprété par Caleb Landry Jones (prix d'interprétation à Cannes en 2021 pour «Nitram»), cet anti-héros handicapé, élevé par les animaux tel Mowgli, est aussi terrifiant qu’attachant. Les échanges entre cet homme quasi christique et sa psy, elle aussi meurtrie par la vie, sont glaçants.
S’il n’est pas exempt de défauts, à commencer par des mafieux caricaturaux dans des scènes d’action qui jouent la surenchère, ce long-métrage servi par la musique du fidèle Eric Serra, démontre que Luc Besson n’a pas encore totalement perdu de son mordant.