Avec «Acide», en salles ce mercredi, Just Philippot livre une fresque d'anticipation sombre et pessimiste, dans laquelle les hommes survivent dans le chaos que la vie sur Terre est devenue. Une vision crédible, dans laquelle Guillaume Canet excelle.
Chacun pour soi. Et cette fois, le Ciel pour tous concernera progressivement la planète entière. On nous avait prévenus depuis des années, voire des décennies : jusqu'à preuve du contraire, Dame Nature n'a que faire des prophéties bibliques qui stipulent qu'après le déluge décrit dans la Genèse, Noé scella un pacte avec l'Eternel qui lui fit le serment de ne plus jamais détruire le monde par l'eau (l'arc-en-ciel étant le symbole de ce pacte).
Apparemment, «Acide» qui sort au cinéma ce mercredi 20 septembre, et son réalisateur Just Philippot n'ont pas l'air d'y prêter attention. D'emblée, le spectateur est projeté dans une scène de violence inouïe filmée au smartphone. Puis la menace se précise : flashs TV, images effroyables de l'hémisphère sud, animaux dévastés et enfin, ciel menaçant, pluie abondante (malgré des températures très élevés en mars). Jusqu'au pire : un poison d'acide dévastateur issu des particules de pollution s'est logé dans les trombes d'eau.
Le reste du film (qu'on taira ici pour ménager l'intrigue) est à l'avenant. Sauve qui peut, priorités et égoïsme constant, lutte des classes, chaos familial qui se confond à l'atmosphère suffocante. Le réalisateur Just Philippot y va franco. Ne comptez pas sur lui pour verser dans un sentimentalisme de réconfort. Autant ne pas trop s'attacher aux personnages du coup.
Un futur manifeste pour les militants écologistes
Dans la même lignée que «Le règne animal», à savoir une fable fantastique ancrée dans le réel (rien à voir avec les canons hollywoodiens), «Acide» assume totalement son côté noir, anxiogène, horrifique et fataliste. La mise en scène nerveuse est très efficace, la musique rappelle parfois les partitions funestes d'un Vangelis, le montage est brillamment composé, et le casting (duquel surnagent Guillaume Canet et la jeune Prudence Muchenbach) juste parfait.
Film manifeste qui, à n'en pas douter servira de fer de lance aux militants écologistes, «Acide» ne sombre pourtant pas dans l'injonction moralisatrice ou le signal d'alarme culpabilisateur. C'est un long-métrage né d'un constat et d'une profonde conviction. D'une volonté de partage et de réflexion anticipatrice. On attend impatiemment les réactions des météorologues, des scientifiques et des militants.