Avant d'incarner une prof épuisée dans «Un métier sérieux», Louise Bourgoin s'impose dans le drame social «Anti-Squat», au cinéma ce mercredi. Le combat d'une mère célibataire confrontée à la précarité et à la crise du logement.
Un film glaçant et poignant sous le signe du réalisme social. Dans «Anti-Squat» de Nicolas Silhol qui sort ce mercredi en salles, Louise Bourgoin se glisse dans la peau d’Inès, une mère de famille célibataire qui élève seule son fils Adam, 14 ans, et se retrouve soudainement dans une grande précarité.
Agent immobilier à son compte qui peine à joindre les deux bouts, elle doit rapidement trouver un autre appartement à louer, son propriétaire souhaitant récupérer le sien. Mais elle n’a pas de CDI, ni un revenu suffisant pour prétendre à un bien. Menacée d’être expulsée après la trêve hivernale, Inès n’a d’autre choix que d’accepter un poste à l’essai chez Anti-Squat, une société qui loge de manière temporaire des résidents dans des locaux inoccupés pour éviter que ces derniers ne soient squattés. «La protection par l’occupation», comme le souligne l’entreprise.
Pas d’absence de plus de deux jours sans autorisation, pas plus de deux invités, pas de fêtes, pas d’enfants. Inès devra faire appliquer ce règlement sous peine d'être sanctionnée. Elle aura l'obligation également de le suivre à la lettre, vivant elle aussi dans les locaux cinq jours par semaine. Qui va-t-elle privilégier ? Entre son fils adolescent et ces femmes et ces hommes qui n’ont plus de logement et comptent sur elle, cette maman se retrouve face à un choix cornélien, à la fois témoin et victime de cette fracture sociale qui touche des millions de Français.
Un personnage «pris entre le marteau et l'enclume»
«(Inès) est tiraillée entre le sale boulot que lui demande la société Anti-Squat qui l’emploie et les résidents auxquels elle s’identifie forcément. Comme dans 'Corporate' (son précédent film, ndlr), j’ai essayé de trouver le bon endroit : un personnage pris entre le marteau et l’enclume. J’aime explorer les zones grises où la morale devient incertaine», explique le réalisateur dans les notes de production.
Dans un immeuble de banlieue, épicentre du récit qui fait figure de personnage à part entière, les spectateurs assistent impuissants à l’instauration d’un système quasi-inhumain. Ce long-métrage où chacun semble désespérément enfermé dans une case, met en lumière un dispositif d’offre alternative à l’hébergement d’urgence inventé à Amsterdam (Pays-Bas) dans les années 1980, qui a été renforcé en France par l’article 29 de la loi ELAN en 2018 et pérennisé par la loi Anti-Squat promulguée cette année.
Avec un jeu tout en retenue, Louise Bourgoin, qui affiche un visage fermé quasiment pendant tout le film, réussit à démontrer toute la complexité d’Inès qui tente de garder le contrôle à tout prix. Face à elle, Samy Belkessa qui joue Adam et fait ses premiers pas au cinéma, se présente comme un porte-parole crédible des laissés-pour-compte avec pour seul arme, le rap.