Dans une longue publication partagée sur ses réseaux, l’ancien président Barack Obama a réagi à la vague de demandes de censure de livres qui frappe les Etats-Unis. Plusieurs états conservateurs tentent de faire retirer des bibliothèques des ouvrages touchant à la communauté LGBT+, aux minorités, au racisme et à la sexualité.
Un plaidoyer contre la censure. Barack Obama a pris la plume, lundi 17 juillet, pour défendre la liberté de lire sans censure. «Aujourd'hui, certains des livres qui ont façonné ma vie - et la vie de tant d'autres - sont remis en question par des personnes qui ne sont pas d'accord avec certaines idées ou perspectives. Et les bibliothécaires sont en première ligne, luttant chaque jour pour rendre le plus large éventail possible de points de vue, d'opinions et d'idées accessible à tous», note ainsi l’ancien président des Etats-Unis dans une publication partagée sur Instagram.
Une prise de parole qui fait suite aux tentatives de retrait des bibliothèques, par plusieurs états conservateurs, de livres traitant de sujets tels que la sexualité ou le racisme. Des ouvrages qu’ils accusent de faire la promotion de l'homosexualité ou d'être trop choquants, rappelait en mars dernier l’AFP. Plusieurs classiques, dont les œuvres de l’auteure afro-américaine Toni Morrison, Prix Pulitzer en 1988 pour «Beloved» et prix Nobel de littérature en 1993, sont notamment visés.
La censure, une «approche erronée»
Une situation inconcevable pour Barack Obama, pour qui «dans une démocratie, le libre échange d'idées est un élément important pour s'assurer que les citoyens sont informés, engagés et pensent que leurs points de vue est comptent». Et de souligner à quel point selon lui «accéder aux idées - même et peut-être surtout, celles avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord» est primordial.
Citant des écrivains visés par la censure, il évoque sa propre expérience : «des auteurs comme Mark Twain et Toni Morrison, Walt Whitman et James Baldwin m'ont appris quelque chose d'essentiel sur le caractère de notre pays. Lire des histoires de personnes dont la vie était très différente de la mienne m'a montré comment me mettre à la place de quelqu'un d'autre. Et le simple fait d'écrire m'a aidé à développer ma propre identité - ce qui s'est avéré vital en tant que citoyen, et en tant que président».
Très critique à l’égard de la censure, Barack Obama insiste : «je crois qu'une telle approche est profondément erronée et contraire à ce qui a fait la grandeur de ce pays».
«Si l'Amérique – une nation bâtie sur la liberté d'expression – permet que certaines voix et idées soient réduites au silence, pourquoi d'autres pays devraient-ils faire tout leur possible pour les protéger ?», poursuit-il. Avant de rappeler : «Ironiquement, ce sont les textes chrétiens et autres textes religieux - ces textes sacrés que certains appelant à l'interdiction des livres dans ce pays prétendent vouloir défendre - qui ont souvent été la première cible des efforts de censure et d'interdiction des livres dans les pays autoritaires».
Remerciant par ailleurs en son nom, et en celui de son épouse Michelle Obama «les bibliothécaires pour leur engagement indéfectible envers la liberté de lire», il invite enfin à passer à l’action, en rejoignant la campagne «Unite Against Book Bans» (S'unir contre les interdictions de livres ndlr) menée par l’association des bibliothèques américaines (uniteagainstbookbans.org).
Pour rappel, en mars dernier, l'Association des bibliothèques américaines avait mis en garde contre ces demandes de censure, soulignant que jamais depuis 20 ans, elles n'avaient atteint un tel niveau, rapportait à l’époque l’AFP. En tout, 1.269 demandes de censure visant un ou plusieurs livres ont été déposées sur le territoire américain l'an passé, contre 729 en 2021, année qui avait déjà établi un record, selon un communiqué de l'association, qui recense ces données depuis 2003.