Le syndicat représentatif des acteurs à Hollywood a mis un terme aux négociations avec les grands studios américains, sur un constat d'échec qui risque de paralyser les tournages, a-t-il annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi.
La situation entre les acteurs et les grands studios se durcit à Hollywood. «Après plus de quatre semaines de négociations, l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP) (...) refuse toujours d'offrir un accord juste concernant les questions-clés qui sont essentielles aux yeux des membres de la SAG-AFTRA», comme leur rémunération, a indiqué ce syndicat dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi.
Pour essayer de sortir de l’impasse, la dernière journée de négociations avait été marquée par l'arrivée en dernière minute d’un médiateur du gouvernement américain pour négocier avec le patronat et la SAG-AFTRA, qui représentent 160.000 comédiens et autres professionnels du cinéma.
Une situation critique qui pourrait donc conduire à une grève des acteurs, lesquels rejoindraient les scénaristes qui manifestent depuis le début du mois de mai. Les répercussions sur l’industrie cinématographique américaine seraient colossales.
La dernière «double» grève remonte à 1960
«Ce combat n'est pas celui des acteurs contre les studios, mais plutôt celui de travailleurs issus de tous les métiers et départements de l'industrie, qui se tiennent ensemble pour empêcher les méga-corporations d'éroder les conditions pour lesquelles nous nous sommes battus pendant des décennies», ont rappelé les syndicats des scénaristes, des réalisateurs et de plusieurs métiers techniques du cinéma, dans un communiqué.
Un double mouvement social réunissant les visages et les plumes de l'industrie cinématographique serait une première depuis 1960 à Hollywood.
Les deux corps de métiers réclament une revalorisation de leurs rémunérations, en berne à l’ère du streaming. Ils souhaitent également obtenir des garanties concernant l'usage de l'intelligence artificielle, pour empêcher l'IA de générer des scripts, ou de cloner leur voix et leur image.
L'entrée en grève des acteurs serait un coup dur pour les patrons des studios et plates-formes de streaming. Depuis le mois de mai, les seules productions qui ont décidé de tourner le font sur la base de scripts déjà terminés au printemps, sans pouvoir les modifier. C'est notamment le cas du préquel du «Seigneur des Anneaux» financé par Amazon : «Les Anneaux de Pouvoir». Mais sans comédiens, les tournages ne seraient tout simplement plus possibles.
Les blockbusters de l'été et les Emmy Awards menacés
Les acteurs ont aussi le pouvoir d'handicaper sérieusement la promotion des blockbusters prévus en salles cet été, comme le très attendu «Oppenheimer» de Christopher Nolan, dont la première à Londres, ce jeudi 13 juillet, va être avancée d'une heure pour permettre à son casting d'assurer les interviews avant le début d'une éventuelle grève.
L'absence de comédiens sur les tapis rouges laisserait un grand vide. Comic-Con, la grand-messe des geeks et amateurs de bande dessinée américains, devrait ainsi se dérouler sans vedettes la semaine prochaine à San Diego.
Avant la grève, Disney a expliqué que le lancement de son nouveau film «Le Manoir Hanté», serait réduit à un «événement privé» pour les fans ce week-end en cas de mouvement social.
Même la cérémonie des Emmy Awards, prévue le 18 septembre prochain, est menacée. La production envisage déjà de reporter l'événement au mois de novembre, voire à l'année prochaine, selon la presse américaine.
Car nul ne sait combien de temps le mouvement pourrait durer. Les acteurs n'ont pas fait grève depuis 1980. La dernière grève des scénaristes remonte elle à 2007-2008 : le conflit avait duré cent jours et coûté deux milliards de dollars au secteur.